Etudes stratégiques: le général Medjahed à la tête de l’INESG, un think tank longtemps marginalisé

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Les derniers développements du dossier du Sahara Occidental ont dévoilé les « ennemis et les alliés » de l'Algérie, estime Abdelaziz Medjahed, directeur général de l'Institut national des études de stratégies globales (INESG)
Abdelaziz Medjahed, directeur général de l'INSEG
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Abdelaziz Medjahed a été nommé, ce jeudi 17 septembre, directeur général de l’Institut national d’étude de stratégie globale (INESG). Il remplace à ce poste Liess Boukra.

Abdelaziz Djerad, Premier ministre, a, lors de la cérémonie officielle d’installation, évoqué la volonté de l’Etat de donner un autre élan aux études stratégiques « pour réaliser les objectifs tracés de la nouvelle Algérie, surtout dans la réforme de la gouvernance ». « Il s’agit aussi de mobiliser toutes les compétences pour poser des bases solides à une politique extérieure dynamique pouvant faire dans l’anticipation et à une diplomatie économique efficace aux fins de défendre les intérêts nationaux où ils se trouvent et de renforcer la sécurité et la défense nationales « , a-t-il déclaré.

Abdelaziz Djerad a évoqué la nécessité de réhabiliter l’INESG, think tank mis sous l’autorité de la Présidence de la République depuis sa création en 1984. « Il doit retrouver son rôle de leader en tant qu’instrument d’aide à la prise de grandes décisions à travers les analyses et les études prospectives », a-t-il dit.

Durant plus de vingt ans, l’INESG a été à la marge. Ses études et analyses n’étaient pas accessibles au public, ignorées par les institutions de l’Etat. Théoriquement, l’INESG, qui a pris beaucoup de retard avant de se doter d’un site internet, mène des activités d’analyses et d’études prospectives sur des questions stratégiques.

« Enjeux géopolitiques »

« Ces études et analyses sont destinées à déterminer, comprendre et expliquer les facteurs et relations jouant un rôle déterminant en matière d’action politique, économique, sociale et culturelle, au plan géostratégique », est-il précisé dans la note de présentation.

Son ex-directeur, Liess Boukra a indiqué que l’INESG s’intéresse à tous les sujets ayant un lien avec les « enjeux stratégiques et géopolitiques, auxquels l’Algérie fait face ».

« Géographiquement, nos activités touchent tous les espaces géopolitiques avec lesquels l’Algérie interagit : la zone « Middle East North Africa » (MENA), la bande sahélo-saharienne, l’Afrique subsaharienne, l’Union européenne, les Etats-Unis, l’Asie, etc. Les enjeux transversaux enveloppent les problématiques classiques de la sécurité, de l’économie internationale, de l’énergie, du climat, du crime organisé, aux questions des flux migratoires. L’INESG est ainsi un espace d’analyses et de veille stratégique, dont la principale mission est d’étudier et d’anticiper les retournements des grandes tendances géostratégiques et géopolitiques, qui impactent le présent de l’Algérie et pèsent sur son avenir », a-t-il détaillé dans la lettre publiée sur le site de l’Institut.

Les chercheurs, universitaires et analystes de l’INESG n’interviennent que rarement dans les débats publics et médiatique au point que la presse algérienne sollicite souvent des chercheurs étrangers pour analyser l’évolution des situations au Sahel, en Libye ou en Asie. Les publications de l’INESG ne se pas retrouvent en librairies et difficilement accessibles sur internet comme c’est le cas de « Confluences internationales » ou « El Mountada ».

« Construire un Etat algérien fort »

L’INESG, qui possède une bibliothèque de presque 15.000 titres, a, par exemple, élaboré des études sur les violences dans les stades, la problématique du financement des logements, les catastrophes naturelles, le marché de l’emploi et les mouvements de protestation populaire dans le monde arabe. En 2016, la publication d’une revue sur la prospective s’est arrêtée après deux numéros.

Abdelaziz Medjahed va-t-il relancer un institut qui s’est habitué à l’anonymat, au silence et à la mise à l’écart ? Depuis février 2020, ce général à la retraite occupait le poste de conseiller du président de la République pour les questions sécuritaires et militaires. Le général Medjahed, qui intervenait souvent dans le débat public sur la lutte contre le terrorisme dans la région sahelo-saharienne, a dirigé l’Académie inter-armes de Cherchell (ouest d’Alger) entre 1995 et 2000. Il a également commandé les forces aériennes et dirigé le service de santé militaire jusqu’à sa mise à la retraite en 2003.

En décembre 2019, il avait soutenu la tenue de l’élection présidentielle en Algérie. « L’Algérie profonde veut sortir de cette situation. On n’accepte pas d’avoir un Etat sans chef . Le premier défi du président élu est de construire un Etat algérien fort, respecté et respectable », a-t-il déclaré dans une interview au média russe Sputnik. Il a, dans la même interview, critiqué la position du Parlement européen à propos de la situation politique en Algérie en accusant les parlementaires européens d’avoir des idées coloniales.

« Ils sont les dignes descendants de Victor Hugo, lequel avait dit que Dieu avait offert l’Afrique à l’Europe », a-t-il dit. Le chaos en Libye a été, selon lui, provoqué par l’ancien président français Nicolas Sarkozy. « Sarkozy a parachuté des armes en Libye pour accélérer la chute d’El Kadhafi. Il a promis aux tribus Touareg libyenne un Etat au Sahel. Il est responsable aussi de l’insécurité qui règne au Mali. Quant au terrorisme, on sait où il est né et qui l’a crée », a soutenu le général à la retraite. Il a reproché aux occidentaux de « manipuler » le terrorisme en citant l’exemple de l’Afghanistan et du Nigéria.

Les missions de l’INESG :

  • Effectuer des études prospectives sur la société et son évolution à la lumière des paramètres, qui structurent la dynamique interne et celle des relations internationales.
  • Procèder à une évaluation globale des questions de développement politique, économique, culturel, scientifique et technique. Etudes sur les questions de défense et de sécurité.
  • Analyser les stratégies des partenaires réels ou potentiels de l’Algérie et leurs conséquences sur le développement et la sécurité du pays.
  • Procéder à des études portant sur le progrès de la science et la technologie.
  • Collecter et exploiter la documentation à caractère national ou international dans tous les domaines.
  • Publier des rapports sur les faits dont l’importance est susceptible d’affecter l’évolution de la conjoncture nationale ou internationale.
  • Assurer la diffusion des travaux de recherche qu’il produit et développer des programmes de coopération avec les organismes étrangers.
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