Appel à « déterrer » les déchets des essais nucléaires français en Algérie

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Explosions nucléaires dans le Sud d'Algérie: la France appelée à assumer ses responsabilités historiques
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Il faut déterrer les déchets des essais nucléaires français en Algérie où, contrairement à ce qui s’est passé en Polynésie, aucune prise en compte des dégâts environnements, ni de travail de réparation n’a été entrepris, c’est le message de deux experts en désarmement, publié, hier, dans le journal Le Monde.

Patrice Bouveret, Directeur de l’Observatoire des armement et Jean-Marie Collin, Coporte-parole d’Ican France (Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) relancent le sujet et appellent le gouvernement français à « sortir du déni » et à œuvrer avec l’Algérie afin que soient retrouvées les matières radioactives enfouies dans le désert après les dix-sept essais réalisés entre 1960 et 1966.

Pour les deux chercheurs, il s’agit « d’assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l’environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France. ».  Ils soulignent que jusqu’à présent, des commissions mixtes entre les deux pays ont été mises en place « sans résultat ». Si les informations sur les accidents nucléaires au Sahara dont celui de Béryl à In-Ekker et les pollutions qui ont suivi sont été révélés par des acteurs indépendants, les deux chercheurs notent que des sujets tabous demeurent.

 « La présence sur les sites de Reggane [où un accident a eu lieu le 13 février 1960] et d’In-Ekker de déchets non radioactifs au sol, de matériel contaminé par la radioactivité volontairement enterré, et enfin, de matières radioactives (sables vitrifiés, roches contaminées) issues des explosions nucléaires présentes à l’air libre, sur un des flancs de la montagne Taourirt Tan Afella, reste un sujet tabou. »

« Sous le sable, la radioactivité »

Les deux chercheurs renvoient à leur étude intitulée « Sous le sable, la radioactivité » publiée par la Fondation Heinrich Böll, juillet 2020 qui recense les déchets, radioactifs ou non, abandonnés par la France dans le Sahara algérien dont la « présence engendre des risques sanitaires importants pour les populations locales, les générations futures, tout comme pour l’environnement. »

Les deux hommes s’inquiètent du fait que les zones contaminées ne font l’objet «ni de contrôles radiologiques réguliers ni de mesures d’interdiction » et du fait que les « populations locales ne sont pas sensibilisées aux risques sanitaires et aucun suivi médical spécifique n’a été mis en place. ». Ils en appellent à une coopération entre les deux pays en estimant que l’Algérie a besoin de « l’aide technique » de la France et des « informations sur les zones où elle a enterré les déchets ».

La France, estiment-ils, peut rapidement « transmettre aux autorités algériennes la liste des zones d’enfouissement des déchets » et l’Algérie peut de son côté « améliorer la situation humanitaire par des campagnes de prévention et d’information plus visibles (renforcement des clôtures, sensibilisation aux risques radiologiques) autour des zones d’essais et des villages proches. »

« Il est temps que la France ouvre ses archives et mette en œuvre de façon rapide ces mesures, pour sortir du déni ce chapitre sur les essais nucléaires. » concluent les deux chercheurs.

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