Impact de Covid-19 sur l’économie algérienne : risque d’épuisement des réserves de change en 2022

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Une croissance négative, une forte réduction de l’investissement public et un risque d’épuisement des réserves de change sont les principaux impacts de la crise sanitaire de Covid-19 sur l’économie algérienne durant 2020, selon un rapport du bureau des Nations Unies en Algérie.

L’économie algérienne subit également le choc de la baisse des prix du baril de pétrole. Les hydrocarbures constituent 98 % des exportations et 60 % des recettes fiscales. Le modèle adopté par l’ONU s’appuie sur deux prix de baril de pétrole, 35 dollars et 30 dollars en raison de la fluctuation des cours mondiaux du brut.

Dans le premier cas, la croissance économique en Algérie devrait être négative avec –4,4 % et une réduction de l’investissement public de 10 %. Croissance négative de 5,7 % et réduction de 30 % de l’investissement public dans le deuxième cas. « Avant même l’arrivée du virus en Algérie, la croissance faiblissante du PIB (1% en 2019 contre 1,4% en 2018), s’expliquait déjà par l’évolution négative de la production et des prix des hydrocarbures, ainsi que par la faiblesse de diversification de l’économie algérienne.

Un ralentissement de la croissance a été enregistré même dans les secteurs hors hydrocarbures puisque la croissance hors hydrocarbures est passée de 3,3% en 2018 à 2,6 % en 2019. Un ralentissement est enregistré dans les secteurs du Bâtiment, Travaux Publics et Habitat (BTPH), de l’agriculture et du commerce(…) une baisse trop forte des investissements publics dans la conjoncture actuelle risquerait d’amplifier la récession », est-il relevé dans le rapport intitulé «Analyse rapide de l’impact socio-économique du Covid-19 sur l’Algérie ».

Le rapport rappelle, en citant le FMI, que la croissance économique devrait, pour 2021, être affectée par la baisse de la consommation et de l’investissement public et privé. La loi de Finance 2020 a prévu une réduction des dépenses d’équipements de 20 %. La croissance hors hydrocarbures devrait également être négative, -2,3 %.

Un déficit budgétaire de 7 % du PIB

« La balance commerciale risque de se dégrader au fur à mesure que le dinar algérien se déprécie, le prix du baril baisse et l’investissement public est réduit. En moyenne, le modèle prévoit un déficit courant d’environ 16% en 2020, légèrement en dessous de ce que prévoit le FMI (-18.3%). Le déficit budgétaire devrait se situer entre 6 % et 9.1% du PIB en 2020, selon les prix du baril. C’est dans cet intervalle que se situe également le déficit prévu (7.3%) selon l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2020.  », est-il noté.

Selon la même source, les revenus fiscaux devraient baisser de 21% en 2020 par rapport à 2019 et les recettes d’exportations de 51% en 2020. Quant aux réserves de change évaluées à 62 milliards de dollars fin 2019, elles devraient chuter à 24 milliards de dollars fin 2020 « si aucune mesure n’est prise ». Le FMI, pour rappel, estime à 157 dollars le prix du baril nécessaire pour équilibrer les comptes budgétaires algériens en 2020, tout en prévoyant un prix moyen du baril à 36 dollars en 2020 et 38 dollars en 2021. « Par conséquent, les réserves de changes pourraient s’épuiser complètement entre 2021 et 2022 », est-il relevé.

Doute sur le taux d’inflation

Le rapport de l’ONU préconise de prendre avec précaution le taux d’inflation qui était prévu par le FMI pour 2020, 3,5 %. « Il est important de relativiser ce chiffre qui contient un biais en raison des subventions toujours maintenues sur les produits entrant dans le panier-type de consommation des ménages servant à calculer l’évolution de l’indice de consommation des ménages.

L’autre biais concerne la composition du panier lui-même qui n’a pas été actualisé depuis 2011 pour refléter les changements de comportement dans la consommation par les ménages et qui pourrait sous-estimer le taux réel de l’inflation en Algérie », est-il souligné. Concernant l’impact de la crise sanitaire de Covid 19 sur les entreprises, le rapport regrette l’absence d’enquêtes mais publie une liste des secteurs les plus touchés, s’appuyant sur une étude mondiale du BIT (Bureau international du travail).

Il s’agit principalement de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce gros et détail, de la réparation automobile, de l’industrie manufacturière, de l’immobilier et des activités administratives et d’affaires. Arrivent ensuite les secteurs des transports, des loisirs, de la culture, de la communication et du stockage.

Baisse de la demande

« Le secteur manufacturier, bien que ne représentant que 6 % du PIB en 2019 en Algérie est sévèrement touché à cause notamment, de la fermeture temporaire des usines, du confinement des travailleurs et de la paralysie des chaînes d’approvisionnement aux plans national et international », est-il précisé. Selon le rapport, la demande est réduite dans des industries essentielles comme l’automobile, le textile, l’habillement, le cuir et la chaussure à cause des mesures de quarantaine, des fermetures de magasins, des annulations de commandes et des baisses de salaire.

« L’agriculture, la fonction publique et les services publics semblent être les moins touchés par la perte d’emplois. En revanche, le commerce en ligne a bénéficié d’une demande croissante. S’agissant de l’agriculture, la crise du COVID-19 n’a pas affecté l’accès aux produits alimentaires ni la sécurité alimentaire qui continue de dépendre pour 70% des importations de céréales et leurs chaînes d’approvisionnement », est-il noté dans le rapport.

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