Du droit d’ostraciser

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Du droit d’ostraciser
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Qui « comprend » qui et quoi ? La réponse à la question est aujourd’hui cruciale. Les Chinois comprennent-ils mieux le monde, la Russie et l’Occident que ne le font l’Occident et la Russie ? Aux deux sens du terme comprendre, au sens pratique de prendre la « chose » elle-même et à celui intellectuel de prendre ce qui la dit. Qui voit venir l’autre ? Entre ceux qui ne savent pas faire autrement qu’imposer leur volonté au cours des choses et ceux qui veulent seulement en tirer le meilleur usage, il y a fort à parier que ce sont les derniers qui auront le plus de chances de gagner.

L’hégémonie culturelle en question

Depuis un certain temps, les deux sens du mot comprendre se sont mis à s’écarter l’un de l’autre. On dit la « chose », mais elle ne se laisse pas prendre. Ceux qui prétendent posséder l’intelligence du monde n’arrivent plus à en disposer. Que le savoir ne donne plus le pouvoir, c’est là le signe manifeste que les hypothèses sur le monde, les croyances, ont vieilli et s’épuisent. La foi dans la Science comme nouvelle Religion n’est plus d’évidence. Elle a de moins en moins prise sur le réel. L’Homme qui s’est pris pour Dieu a des pieds d’argile.

Je me rappelle les moqueries d’un ancien premier ministre à propos de l’utilité des sciences sociales et humaines. Cela révulsait les universitaires concernés. Ces sciences donnaient le sentiment de mettre le pouvoir de comprendre au service de leurs producteurs. L’Occident s’était donné les moyens de prendre intellectuellement le monde et de le rendre du haut de son magistère. Il avait formé une armée de travailleurs intellectuels qui l’aidait à diriger le monde et ses sociétés. Mais il faut bien constater que cette armée est entrainée par le capital financier dans sa dérive, se détache de plus en plus de la société, perd de son efficacité et s’attache davantage à préserver une hégémonie culturelle qu’à améliorer sa productivité sociale. Cette dérive s’aggrave avec la mécanisation, la chosification de son travail.

Si l’Occident a réussi à anticiper les besoins du monde jusqu’à une période récente c’est parce que le monde marqué par sa puissance a identifié ses besoins aux siens, a repris ses armes, croyant pouvoir en faire partie. Mais le siècle de la décolonisation a déçu les espoirs de nombreux pays. N’ont réussi que certains d’entre ceux qui ont appris à lui emprunter sans s’identifier à lui. La planète, avec ses êtres vivants, humains et non humains, ne pourra pas supporter l’universalisation de son mode de vie. Il reste au monde à inventer une nouvelle culture, une nouvelle façon d’habiter la Terre et d’en prendre soin. En attendant, à défaut de pouvoir intégrer, l’Occident détruit. Et la destruction commence à excéder la création.

Régionalisation de la globalisation

L’Occident s’étonne que le monde refuse de lui accorder le droit d’user de l’arme de l’ostracisation[1], celle dite des sanctions économiques qui consiste à utiliser les interdépendances internationales d’un pays contre lui. Il continue à faire comme s’il était le porte-parole, le représentant de la communauté internationale. Il refuse de voir qu’un tel droit lui est dénié. Il ose user de cette arme au moment où sa suprématie militaire, sous le régime de la dissuasion nucléaire, n’est suivie que de destructions. La guerre ne lui permet plus d’intégrer, les massacres volontaires de populations étant proscrits, il lui faut faire faire les guerres, plutôt que de les faire lui-même. Les massacres de civils doivent être portés comme les victimes collatérales d’une guerre contrôlée, ou le fait de guerres civiles succédant à des interventions militaires, ou le fait de pays sous régimes militaires. En fait, l’usage de cette arme a pour but de diviser la communauté internationale en partisans et adversaires pour fortifier le camp le plus fort.

L’Algérie, de par sa trajectoire historique, vit sous la menace d’une ostracisation, elle doit veiller à ne pas trop s’approcher de certaines limites. Une économie émergente est très dépendante de l’extérieur, dans notre cas, très dépendante des exportations d’hydrocarbures. On ne peut pas comprendre sa politique si l’on oublie la perspective dans laquelle l’inscrit sa trajectoire historique et la vulnérabilité qui la menace. Un destin tragique la surveille.

Il ne faut pas perdre de vue cependant le fait que sa politique ne peut avoir quelques effets de réussite que si elle s’inscrit dans le cours actuel de la mondialisation qui tend vers une relative régionalisation de la globalisation. Les USA s’efforcent d’utiliser une telle tendance à leur avantage avant que la Chine ne le fasse. Ils veulent contrôler l’accès de la Chine aux grands marchés occidentaux avant qu’elle n’y accroisse trop sérieusement ses parts. Ils se mettent en vérité à appliquer la politique chinoise sans le reconnaitre. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont contaminés et qu’ils contaminent, initient les autres à une telle démarche. Pour notre part, il faut faire avec un certain dilemme du fait d’une proximité géographique avec l’Europe, le monde capitaliste et d’une appartenance à un monde non aligné, une proximité avec la Chine. Faire de l’équilibrisme, c’est renoncer à accumuler. Il faut dans les marges d’un camp construire un espace propre. Il faut investir en Afrique en se servant de la Turquie et de la Chine. Il faut investir en Algérie, ce qui peut marcher en Afrique.   

La Russie entre les deux mondes

Quant à la Russie, on peut se demander quelles sont les réponses que ce pays continent tient dans ses manches face à la tentative occidentale d’ostracisation. En partant dans une contre-offensive contre l’encerclement occidental a-t-elle pensé à la disposition de la Chine quant à la possibilité d’établir à l’heure actuelle une contre-communauté internationale permettant de retourner les effets de la politique d’ostracisation contre ses promoteurs ?  

La réponse étant à mon sens plutôt négative, je ferai mienne l’hypothèse selon laquelle la Russie est davantage européenne qu’euro-asiatique, qu’elle se soucie de se protéger autant de l’Occident actuel que de la Chine et de l’Asie à venir, qu’elle dispute autant à la Chine qu’aux USA la situation actuelle et qu’elle se présente comme salut de l’Occident et protection contre la menace chinoise. Je ne crois pas que l’Allemagne attachée au camp atlantique, accepte de s’aliéner les ressources de la Russie et le marché de la Chine pour la technologie et le marché des États-Unis d’Amérique. Aussi vois-je dans la guerre anti-russe américaine le moyen de mettre un coin entre l’Allemagne et la Russie. Le président Volodymir Zelensky a mis l’Ukraine en travers de ces deux pays.

Je voudrais attirer l’attention sur le fait que depuis que le monde occidental a étendu sa domination au reste du monde, ses guerres se sont imposées à tous. Les guerres du siècle passé ont opposé les nations occidentales, chez elles et hors de chez elles, pour le partage du monde. La Russie à travers l’Union soviétique s’est approprié la doctrine marxiste-léniniste pour être en mesure de retrouver une place dans la compétition entre les nations européennes. On ne peut pas abstraire la Russie de la compétition interne au camp occidental. La guerre froide a imposé les divisions du monde occidental. Celle d’aujourd’hui est encore une guerre à l’intérieur de l’Europe qui voudrait comme en imposer ses divisions au travers de ses effets.

Si mon hypothèse est correcte, j’irai plus loin et je soutiendrais que la Chine ne se laissera pas jouer par la Russie et les États-Unis. Elle ne se laissera pas entrainer, elle n’ira pas à l’offensive pour se constituer en nouveau centre du monde. L’heure n’est pas venue. Elle ne se laissera pas isoler. Relevons qu’elle continue de considérer le marxisme comme sa source d’inspiration à côté de ses “philosophies” traditionnelles.

Confucius n’a pas détrôné Marx, il a pris place à ses côtés. Mais la sinisation de la pensée occidentale se poursuit. Ce qui peut constituer un pas de côté par rapport à la Russie, fonctionnant par ruptures, mais pas avec le monde. Elle restera calme face à l’agitation générale et se contentera de laisser chacun se débattre avec ses propres calculs. Poutine n’entrera pas dans l’histoire comme celui qui aura essayé de sauver l’Occident de la Chine. La Chine n’a pas de plan préétabli qu’elle s’efforcerait d’appliquer et que l’on mettrait en échec. Elle a des dispositions qui lui permettent d’exploiter des situations. Il n’y a pas d’un côté une théorie et de l’autre une pratique. Il y a un cours des choses, des guides pour l’action, des actions qui rapportent et d’autres qui coutent seulement. L’Occident commence à mieux comprendre la Chine, mais pas encore à s’en défendre, trop attaché à ses acquis et à la manière de comprendre qui a fait sa supériorité.  

Les faillites sociales de l’État et du marché

Quant à la convergence mondiale tant attendue des économies[2] par les économistes, elle n’a pas eu lieu. Les dictatures qui se rendent compte qu’elles devaient préparer le chemin à l’économie de marché, à la privatisation du monde ; qui ont libéré l’individu des structures tribales afin que le marché puisse régler les rapports entre les individus ont échoué. Elles ont livré l’individu au marché, mais pas de marché à la société qui puisse accueillir les individus et satisfaire leurs besoins. De nombreuses économies émergentes sont restées prises au piège du revenu intermédiaire[3]. Le marché qui ne prend pas le relai de l’État pour régler les rapports entre les individus, expose la société à de graves distorsions. Une grande partie de l’humanité ne peut pas espérer “faire ses courses au marché” pour obtenir de lui l’ensemble des services qui lui sont nécessaires[4].

Les citoyens du monde veulent une meilleure vie en même temps qu’ils ne cessent de la dégrader. La société politique ne peut pas aller à contre-courant. Dans nombre de sociétés postcoloniales, la société militaire va intervenir à nouveau pour faire face à la violence que la démesure sociale produit. Ce n’est donc pas de la société politique que proviendra le salut, elle s’efforcera de servir au mieux les intérêts de la société, de résoudre ses contradictions, pour assurer les siens. L’inefficacité de la société politique renvoie aux dispositions de la société. C’est d’abord l’individu qui s’enferme dans les alternatives de l’État et du marché. Il veut plus d’État et plus de marché, plus d’autonomie individuelle sans autonomie collective, sans contraintes sociales.

Le monde échappe à la domination occidentale de plus en plus, mais se débat encore dans les rets de son hégémonie culturelle. « Les habitudes ont la vie dure ». Celles de penser plus que les autres. Le monde échappe de plus en plus à la Loi du marché qui s’obstine pourtant toujours à le conquérir. En Occident même. Et si celui-ci a continué de dominer le monde dans la période postcoloniale, s’il a pu continuer d’imposer sa division du travail, sa vision du monde, c’est bien parce que les élites postcoloniales ont continué à porter ses lunettes. C’est bien parce qu’elles ont préféré pratiquer des marchandises (théories) prêtes à l’usage, livrées par des organisations internationales avec mode d’emploi et service après-vente, que de fabriquer leurs propres marchandises. Je ne sépare pas les élites de leur société. De haut en bas, on a partagé le même habitus, on s’est comporté de la même manière avec les productions matérielles et immatérielles : voitures allemandes de préférence, médicaments de l’industrie mondiale, usines clés en main et sociétés étrangères de conseil.  On évite ainsi de se singulariser, on se coule mieux ainsi dans le cours des choses.

Ce n’est pas seulement en arabisant que l’on transforme des habitudes et des pratiques scientifiques. C’est une condition de l’expérimentation sociale, mais une seule. On a dit une chose et fait une autre. Nous avons importés, ils ont travaillé pour nous. Nous ne sommes pas allés chercher nos hypothèses dans nos croyances collectives, nous ne les avons pas éprouvés, nous ne les avons pas expérimentées.

Nous avons copié sans accumuler.  Nous nous sommes précipités sur les produits étrangers, au lieu de faire preuve de retenue, de chérir nos productions, nos œuvres. Nos élites ont continué à copier les postures, à appliquer des théories étrangères sans accorder de grande valeur à nos pratiques. On continue d’imputer nos échecs à nos pratiques et non aux théories que nous importons. On reprend leur chanson. Le savoir, qui n’a plus en lui-même l’ambition de dominer le monde, quand il est importé, s’attache à épargner aux sociétés postcoloniales de fabriquer des élites unifiant pratiques sociales et pratiques scientifiques. Pourquoi produire quand on peut consommer sans ?

Ces élites qui continuent de subir ou de se complaire sous l’hégémonie culturelle de l’Occident doivent cependant faire face à des dynamiques historiques divergentes, à une relative insubordination sociale, elle-même suscitée par cette même hégémonie qui injecte des besoins, mais pas les moyens de les satisfaire autrement que par l’exportation de leur capital non renouvelable. Les contradictions ici sont à ciel ouvert. De là nous vient la violence, de l’écart devenu insupportable que nous nous faisons subir entre nos désirs et nos réalités.

Les élites occidentales s’efforcent toujours de convaincre et de se convaincre de la pertinence de leur vision du monde. L’État d’abord, le marché ensuite. Même si elles ont plus de mal à le faire, à commencer auprès de leur propre opinion. En ce moment avec la guerre d’Ukraine, la lutte idéologique se durcit, les croyances se refusant à la révision, au débat argumenté. En dessous, s’opposent les dispositions de sociétés vieillissantes, qui ont du mal à renoncer à leurs avantages, mais qui n’ont plus la force pour les garder, et celles de populations trop jeunes qui cherchent de nouvelles habitudes, qui veulent partager celles de leurs aînés ou de plus riches qu’eux. La lutte idéologique absolutise les oppositions, masque les dispositions sous-jacentes, dresse des camps tranchés, pour éviter tout débat réaliste. Il faut que l’Occident profite du fait que le monde n’est pas encore en mesure de lui disputer la définition des valeurs universelles. Sa définition de la démocratie est la bonne, il la blinde, il pousse les autres à l’erreur.

Les élites postcoloniales sont dans la situation des élites indigènes coloniales qu’elles prenaient tant plaisir à critiquer. Le chameau ne voit pas sa bosse et se moque de son frère : leur préférence pour l’intégration au système mondial leur paraît comme le moindre mal. De vivre des décennies dans une situation de dépendance, elles finissent par s’habituer. Elles doivent cependant faire face à des sociétés qui en souffrent. Il ne faut donc pas croire que leurs préférences s’accordent seulement avec leurs intérêts immédiats. Elles seraient tout aussi capables de monter sur la vague de la contestation si elle entrevoyait la possibilité de lui survivre. Elles sont les mieux dotées pour emporter certaines compétitions.

La militarisation de l’économie égyptienne, autrement dit la monopolisation de l’économie par l’armée, n’est pas choisie par l’armée, il est dicté par les circonstances. Car pourquoi le militaire refuserait-il de s’enrichir davantage, d’entrer plus profondément dans la vie économique mondiale en se défaisant de ses habits militaires s’il le pouvait ? Pourquoi le militaire devenu homme d’affaires n’arrive pas à inverser son rapport avec le militaire, à entretenir le militaire, à faire de l’industrie militaire la pointe de l’industrie comme en Occident ? Ou à entrer plus profondément dans la vie économique mondiale sans se départir complètement de son habit de militaire et à équilibrer son rapport avec lui comme en Chine ?

La militarisation de l’économie égyptienne est une réponse de la société égyptienne à sa situation dans la vie économique mondiale. La façon pour la société égyptienne de protéger ses marchés, c’est de ne pas séparer l’économie du militaire et de la soumettre à ce dernier, c’est de séparer l’homme d’affaires du politique et de soumettre le premier au dernier. Je ne dis pas que c’est là la meilleure protection, mais seulement la meilleure manière de faire avec les standards occidentaux (l’État westphalien et le marché), dans une société postcoloniale. Les sociétés émergentes ne peuvent pas entrer en compétition à armes égales avec les anciennes puissances coloniales.

Ensuite, il faut ajouter que c’est par l’armée (et/ou une certaine discipline sociale) qu’il est possible de réussir à entrer et à s’imposer dans l’économie de marché. Le problème c’est que certaines y réussissent et d’autres pas. Certaines sociétés asiatiques aux structures sociales particulières l’ont montré. Beaucoup fabriquent des « oligarques ». Dans notre cas, il aurait fallu fabriquer de nouveaux moudjahidine de différents genres, les entrepreneurs sociaux, industriels et politiques, aux côtés des anciens.

Il ne s’agit donc pas de s’opposer à la société militaire, comme le donne à penser les démocraties occidentales, il faut travailler pour que l’effort porte au-delà son champ, pénètre le champ économique. Il faut que l’esprit de sacrifice rapporte. Nous nous sommes défaits d’une domination militaire coloniale, il faut nous défaire d’une domination économique qui fait notre vulnérabilité aujourd’hui. Il n’y a pas d’opposition dans une société où les élections ne conduisent pas à une « réelle alternance ». Alternance de quoi ? Il n’y a pas d’opposition dans une société qui fonctionne au consensus, juste un déplacement de son centre de gravité. Mais nous ne fonctionnons ni au consensus, ni aux élections démocratiques. Et nous souhaitons davantage consommer qu’être indépendants. Les fesses assis entre deux chaises, on ne peut stabiliser une accumulation, développer un effort productif.

Concluons sur la question de la réforme de l’ordre mondial en guise de perspective. Parce que la dynamique sociale de contestation de l’ordre mondial occidental ne porte pas encore le projet de sa transformation, parce que l’hégémonie culturelle de l’Occident persiste, le monde est enfermé entre les alternatives plus de marché ou plus d’États. L’émergence d’un marché chinois conquérant pousse les États-Unis à se replier sur l’État, à faire appel aux États occidentaux pour la défense de leurs marchés.

L’État est de retour. Les États-Unis poussent l’Occident à régionaliser ses marchés, espérant ralentir la progression du pôle asiatique. Le Japon et la Corée du Sud préfèreront-ils dépendre des USA ou de la Chine ? Les USA vont continuer d’essayer de multiplier les coins entre la Chine et les pays d’Asie, comme ils le font avec l’Allemagne et la Russie. Y parviendront-ils ? Pendant un certain temps probablement, car ce qui unit ces régions est plus important que ce qui les divise. Leur compétition s’attache davantage à la définition de leurs rapports d’interdépendance qu’à leur exclusion.

Pour ce qui nous concerne, l’Afrique prend conscience des risques de démembrement que lui fait courir cette régionalisation de la globalisation. Elle devra d’abord faire face au défi sécuritaire, pour que sa jeunesse puisse investir les autres champs de la compétition mondiale. Puissance militaire et solidarités collectives sont les deux armes nécessaires pour relever un tel défi. Il faudra passer de la dispute interne autour de la distribution du produit national et de la dissipation des richesses naturelles, à la dispute externe du produit mondial et au développement du capital naturel.


[1] L’ostracisation était une mesure pénale dans les sociétés sans État. Elle consistait à bannir un individu de sa communauté définitivement ou temporairement selon la gravité de son délit. À ma connaissance, elle se pratiquait dans les villages et cités berbères ainsi que dans les cités antiques grecques. Elle se pratique désormais dans un monde sans État.

[2] Avec le nouveau cours économique mondial, on assiste à une convergence par le bas. « L’ironie du sort veut que nous connaissions aujourd’hui une convergence descendante plutôt qu’ascendante.” Dani Rodrik, “L’économie du développement se déplace vers le Nord”. Project Syndicate. Apr 11, 2022.

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A8ge_du_revenu_interm%C3%A9diaire

[4] Voir le récent scandale français des maisons de retraite Orpea dont rend compte le livre du journaliste Victor Castanet “Les Fossoyeurs, révélations sur le système qui maltraite nos aînés », Fayard 2022. Orpéa, le numéro un mondial des Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), est accusé de graves manquements dans l’hygiène et la prise en charge médicale des pensionnaires âgés, pour améliorer la rentabilité des établissements. Voir https://www.bfmtv.com/economie/logique-financiere-centralisation-profit-que-dit-le-rapport-gouvernemental-sur-orpea_AN-202204050255.html

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1 commentaire

  1. Ostraciser , ma pensée va directement vers cette Russie , tellement diabolisee par un monde qui se partage cette notion de liberté ou de démocratie tellement galvaudée sans en connaître les tenants et aboutissants.
    Comme l’histoire le prouve, les Russes sont toujours désireux d’aider les autres, même si cela implique de sacrifier leur propre vie. Cette initiative vient du fait de l’éducation en Russie.
    Les parents russes s’efforcent de donner à leurs enfants l’éducation la plus polyvalente possible, en multipliant les activités parascolaires, et sont prêts à les soutenir financièrement même après 18 ans, mais uniquement s’ils sont engagés dans une «entreprise sérieuse». Ce ne sont que quelques caractéristiques de l’éducation version russe. Ballet, biathlon ou dessin ? En Russie, les parents ne se limitent généralement pas à une seule activité pour leur enfant. Dès leur plus jeune âge, de nombreuses filles suivent des cours de danse (y compris de ballet) et les garçons sont envoyés dans des clubs de sport. Parallèlement, l’enfant peut également suivre des cours de musique ou apprendre les langues étrangères.
    Une grande attention est accordée à l’étude de la culture russe et mondiale : même si un enfant étudie dans une classe à orientation mathématique ou chimique, il aura toujours beaucoup de cours de littérature et, pendant son temps libre, toute la classe assistera à des productions théâtrales. À Moscou, les écoliers ont généralement des billets gratuits pour certaines représentations, ainsi que pour les musées.
    Les enfants en âge scolaire sont considérés comme indépendants , Selon les lois russes, à partir de 14 ans, un adolescent peut officiellement travailler (même pendant ses loisirs) et répondre de ses délits devant la justice. En même temps, un adolescent de moins de 16 ans ne peut pas être seul dans la rue après 22h et avant 6h – ses parents encourent une amende de 80 euros environ.
    Si, dans d’autres pays, les enfants sont autorisés à faire du bruit et des caprices dans les lieux publics, en Russie, on peut les arrêter avec la phrase suivante : « Pense à ce que les gens vont dire ! » En Russie, un étranger peut faire une remarque à un enfant qui se comporte mal – et, en passant, ce n’est pas inutile.

    En fait, on demande peu de choses aux enfants : rentrer à la maison à l’heure, écouter leurs aînés et bien se comporter.

    C’est vraiment à méditer .

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