Crise algéro-française: Jean-Yves Le Drian appelle à retrouver « une relation apaisée »

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Jean-Yves Le Drian en visite de travail mercredi en Algérie
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Jean-Yves Le Drian a de nouveau évoqué la crise diplomatique algéro-française, qui dure depuis près de deux mois suite aux déclarations de son président Emmanuel Macron. Le ministre français des Affaires étrangères a exprimé « une volonté » de la France de « nouer un partenariat ambitieux » avec l’Algérie, « au-delà des blessures mémorielles qui peuvent parfois ressurgir ».

Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, diffusé vendredi 19 novembre 2021, Jean-Yves Le Drian, qui avait déjà exprimé des « regrets » quant à la crise, a encore mis en avant « les liens ancrés dans l’histoire. Nous souhaitons que le partenariat franco-algérien soit ambitieux.Il est logique, estime-t-il, quand on connaît notre histoire, qu’il y ait parfois des résurgences de blessures, mais il faut dépasser cela pour retrouver une relation confiante », a-t-il déclaré.

Le ministre français, qui aborde les relations algéro-françaises une seconde fois en une semaine, a insisté sur le fait que « des malentendus » existent parfois, « mais cela n’enlève rien à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays ». « Il faut conserver ce lien fait de respect des souverainetés et d’une volonté commune de dépasser les contentieux pour retrouver une relation apaisée », a-t-il dit, près de deux mois après après les déclarations de Macron sur le système « politico-militaire algérien ».

Le ministre des Affaires étrangères a également plaidé, dans son entretien, pour une « plus grande implication de l’Algérie dans la résolution du conflit au Mali« . « Nous ne voyons que des avantages à ce que l’Algérie s’inscrive plus fortement encore dans la mise en œuvre de ces accords », a renchéri M. Le Drian.

Chronologie d’une crise

Fin septembre, le président français, lors d’une rencontre avec des jeunes binationaux, a eu, selon le récit qu’en a fait le journal Le Monde, des jugements particulièrement tranchés sur le système algérien, la nation algérienne et l’histoire. Il a évoqué ce qu’il appelle une «haine de la France », affirmant que le problème ne se posait pas avec la «société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur».

Ses déclarations sont intervenues quelques jours après l’annonce par la France d’une réduction de 50% de l’octroi des visas aux Algériens. Une mesure qui ciblera surtout le « milieu dirigeant ». L’Algérie a immédiatement réagi. Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, avec pour motif de lui « notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France ».

« Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons », avait déclaré, à l’APS, Amar Belani, envoyé spécial chargé des pays du Maghreb et du dossier du Sahara Occidental. Dans la forme, la décision est, selon lui, malencontreuse, « car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et » de déterminer « le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière ».

Le 10 octobre, le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré que le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris était conditionné par le respect de l’Etat algérien par la France. « La France doit oublier que l’Algérie était une colonie », a-t-il dit.

Jean-Yves Le Drian avait entre temps donné l’impression d’Crise ignorer les conditions de M. Tebboune, déclarant, devant la commission de l’Assemblée nationale : « C’est aux Algériens et à eux seuls de décider de leurs destins et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique ».Plus tard, «récemment le Président de la République a rappelé son profond respect pour le peuple algérien. Cela signifie aussi bien sûr le respect fondamental de la souveraineté algérienne », a déclaré Jean-Yves Le Drian.

Fin octobre, Ramtane Lamamra est revenu à son tour, lors d’un entretien à la chaîne de télévision russe RT, sur cette crise diplomatique. Il a souligné qu’il y a eu beaucoup de déclarations, affirmant que « l’Algérie ne pratique pas la diplomatie du haut-parleur, travaille dans le calme, exploite les canaux diplomatiques ouverts et enregistre ses positions en toute transparence et en toute clarté lorsqu’il s’agit de questions touchant à sa souveraineté nationale et à ses intérêts suprêmes ».

Le 11 novembre dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, est revenu à la charge, soulignant que l’Algérie ne fera pas le premier pas pour atténuer la crise. « Depuis l’indépendance, les relations algéro-française sont passées par plusieurs crises. La crise actuelle est née après des déclarations du président de la République française. La riposte de l’Algérie a été exprimée publiquement à travers des positions fortes. L’Algérie-et cela a été dit par le président de la République- ne fera aucune initiative pour atténuer la crise avec la France, car l’Algérie n’en est pas responsable », a-t-il déclaré.

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