Coroanvirus: 670 nouveaux cas en 24h, hausse vertigineuse des contaminations
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« Nous ne pouvons plus tenir, khlass. Nous n’avons plus d’énergie pour continuer. Nous sommes saturés physiquement et moralement. Nous sommes mobilisés depuis le mois de mars. Les médecins et les infirmiers sont fatigués. Et après, certains nous insultent sur les réseaux sociaux. Que certains viennent et mettent nos tenues et camisoles pendant dix heures et ils verront après », dénonce Latifa Ameur médecin à Biskra.

Biskra a connu ces dernières semaines une hausse sensible du nombre de cas positifs de Covid 19 entraînant une saturation des structures hospitalières notamment à Sidi Okba et Tolga. « Nous sommes peu de médecins à mener une bataille contre la Covid 19. Les algériens ne semblent pas prendre conscience du danger. Certains nient même l’existence de la maladie. Le confinement n’est pas respecté. Les services de sécurité courent chaque jour derrière certains pour les obliger à respecter le confinement. La moindre des choses est de rester chez soi, au moins pour ne pas contaminer les autres. Nous avons prescrit le confinement sanitaire à domicile pour certains malades. Nous les avons trouvé après dehors au milieu d’autres personnes sans masques! », ajoute Latifa Ameur.

A Biksra, Sétif, Oran, Tlemcen, Ouargla, Alger, Blida, Tipaza, Béjaia, Constantine, Boumerdes ou Batna, le personnel soignant est au bord de l’épuisement. « Cela fait presque cinq mois qu’on est sur le terrain. Nous sommes épuisés. Et cela fait plus de deux mois que je n’ai pas pu voir ma mère », s’est plaint les larmes aux yeux un médecin d’El Oued au ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, lors d’une visite dans la région.

« On veut tout mettre sur le dos du médecin »

Mohamed Taileb est médecin résident à Bouira. Le personnel soignant est, selon lui, découragé et démoralisé. « Nous souffrons d’un manque de moyens de protection. On nous impose la bavette chirurgicale alors qu’elle protège moins que les masques FFP2. Et on nous dit qu’il existe des médecins moins exposés au risque que d’autres alors que non. Un porteur de virus peut venir consulter pour une autre maladie et contamine le médecin. La preuve, nombre de médecins, de praticiens ou d’agents sont aujourd’hui atteints alors qu’ils n’exercaient pas dans les services Covid 19. Le seul moyen de protection garantie est le masque FFP2. Sur le marché, le masque FFP 2 coûte en moyenne 500 dinars, les médecins ne peuvent pas se permettre de l’acheter à chaque fois », proteste Mohamed Taileb.

Selon lui, le personnel de santé est peiné par les attaques dans les médias et dans les réseaux sociaux. « Le médecin qui commet des erreurs doit rendre compte, mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Nous sommes démoralisés et fatigués. Notre moral est à zéro. On veut tout mettre sur le dos du médecin. Le médecin n’est ni un administrateur ni un agent de nettoyage », ajoute-t-il.

A Batna, les médecins et les infirmiers de l’EPH Sanatorium se sont plaints de la saturation des services, du manque de personnel soignant et de fatigue. « Nous n’avons plus de places pour accueillir le malades. Cela fait plus de cinq mois que nous demandons un renforcement des équipes. Batna compte plus de 100 professeurs et 400 résidents. Où sont-ils ? », se demande Hamid Hadj Aissa, médecin infectiologue, interrogé par Awrass News. « Le nombre de cas positifs de Covid 19 ne cesse d’augmenter, mais l’équipe médicale qui accueille les malades est toujours la même depuis au moins cinq mois. Pire, le nombre des médecins et des infirmiers a baissé puis que certains ont été contaminés. Les responsables de la santé ne bougent pas. Le directeur de la santé lui même se plaint de la bureaucratie. Ce n’est pas normal », déclare au même média Rachida Djebaili, spécialiste en maladie respiratoires au Sanatorium.

Mohamed Bekkat Berkani, président de l’ordre des médecins et membre de la Commission scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, tire la sonnette d’alarme : «les professionnels de la santé se plaignent. Les médecins sont au bord du burn out. Nous sommes dans une situation presque de rupture. Que chacun prenne ses responsabilités ».

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