Coronavirus: Le flou sur l’enquête épidémiologique en Algérie

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Femme algérienne portant un masque
Femme algérienne portant un masque
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Pour la troisième fois depuis le début de l’épidémie en Algérie, les contaminations par le coronavirus repartent à la hausse. Le ministre de la Santé, Abderahmane Benbouzid, se montre bien rassurant et écarte une “seconde vague”. Néanmoins, la situation semble partie pour durer. Du moins, selon plusieurs spécialistes. De leur avis, les autorités peinent à cerner l’évolution de l’épidémie faute … d’une enquête épidémiologique.

Au début de l’épidémie en Algérie, les foyers de contagion au coronavirus étaient principalement en milieu familial. Et la hausse enregistrée après la fête de l’Aïd El Fitr, atteignant près de 700 cas par jour, a corroboré le constat avancé par plusieurs responsables, dont le Dr. Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique chargé du suivi de l’épidémie de coronavirus.

Quelques mois plus tard, après un déconfinement dans la majorité des wilayas du pays et la reprise de plusieurs activités, économiques et sociales, quels sont les nouveaux clusters de contagion du coronavirus ?

Interrogé par 24H Algérie, M. Bekkat Berkani souligne que “le comité n’a pas vocation d’identifier les clusters mais d’établir les protocoles sanitaires, entre autres et non de traquer le virus. Une cellule a été installée pour identifier les foyers mais celle-ci ne fait pas son travail”.

Raison pour laquelle “nous n’arrivons pas à cerner le virus. Des enquêtes doivent être faite afin de s’organiser en rapport avec ce que peuvent dévoiler ces investigations”, a rajouté le Président du conseil national de l’Ordre des médecins.

Tourner en rond

Pourtant une cellule d’investigation et de suivi des enquêtes épidémiologiques a été installée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad en juin 2020. Le Pr. Mohamed Belhocine, éminent épidémiologiste et expert international, a été nommé à la tête de cette cellule qui doit “contribuer à consolider, évaluer et développer des stratégies de lutte contre la propagation d’épidémies dans notre pays”.

Interrogé à son tour par 24H Algérie sur les nouveaux foyers de contagion en Algérie, le Pr. Belhocine dit ignorer la réponse. “Nous n’avons pas les chiffres détaillés à notre disposition afin de vous dire quels sont les clusters. Il faut voir avec le ministère de la Santé”.

Ce que 24H Algérie tente de faire. Impossible de joindre le Dr. Djamel Fourar, auparavant Directeur général de la Prévention et de la Promotion de la Santé au ministère avant de se consacrer pleinement, durant la crise sanitaire, à la lutte contre l’épidémie de coronavirus. “Il est très occupé”, nous fait-on savoir.

Son intérimaire, Dr. Youcef Terfani, nous répond. “Nous sommes plutôt chargés du suivi quotidien de l’épidémie. Une commission, dirigée par le Pr. Belhocine a été installée à cet effet, sortir sur le terrain, mener les enquêtes épidémiologiques et identifier les clusters”, nous assure-t-il.

Indéniablement gênées par la requête, les différentes parties concernées se renvoient la balle sans fournir une réponse. Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), fait la même lecture que le Dr. Mohamed Bekkat Berkani. “La compréhension du phénomène épidémiologique est la clé pour cerner un virus et identifier les clusters potentiels. Nous avons enregistré des re-confinements car nous étions incapables d’identifier rapidement les clusters”, a-t-il déclaré à 24H Algérie.

Néanmoins, le Dr. Merabet affirme que les conditions pour mener une étude épidémiologique sur le terrain ne sont pas réunies. “Une investigation pareille nécessite de l’organisation et des ressources dont nous ne disposons pas. Nous avons du mal à nous procurer le b.a.-ba des moyens de prévention, comme les masques et les équipements de protection”, fait-il savoir.

Le président du SNPSP souligne également le manque de coordination entre les commissions concernées, d’abord et avec les acteurs du secteur ensuite. “Les syndicats, qui bénéficient d’une large base à travers le territoire national, ont été marginalisés, voire exclus. Les autorités nous ont, dès le début, fait comprendre qu’elles géreront cette crise sanitaire seules”. Désormais, on avance dans le flou”, conclut-il.

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