Coronavirus : Après des semaines de confinement, Blida respire mais se relâche

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Coronavirus: Blida reprend son souffle mais se lâche
Blida / F. Métaoui
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Blida, principal foyer de la Covid-19 en Algérie, a péniblement vécu le confinement sanitaire total puis partiel depuis le 24 mars 2020. Le nombre de cas confirmés se stabilise depuis la fin mai 2020 et la courbe des décès s’approche de zéro. Blida totalise 12 % du nombre total de cas positifs au niveau national. La levée de certaines restrictions décidées par les autorités en juin, en deux étapes, a suscité autant le soulagement que le relâchement dans la ville des roses et les communes environnantes. Les boutiques de prêt à porter et les salons de coiffure, fermés pendant plus de deux mois, ont été pris d’assaut surtout à la rue Abdallah, au Boulevard des 20 mètres et à Ouled Yaïch. Il en est de même pour les magasins de chaussures. Sur les vitrines des commerces, des pancartes, parfois écrites à la main, ont été collées : « Pas d’accès sans masques », « pas plus de deux personnes », « pas d’accès pour les enfants de moins de 16 ans », « respecter la distanciation »…. Les clients respectent autant que faire se peut ces consignes alors que les commerçants veillent au grain. « Sinon, on va nous verbaliser. Mon voisin a été obligé de payer 10.000 dinars parce qu’il ne portait pas le masque à l’intérieur de son local », raconte Rachid, revendeur de gâteaux orientaux à la rue du Bey. Les policiers font le tour des rues commerçantes du centre-ville d’une manière régulière. Pourtant, dans certains endroits, éloignés des regards, les commerçants ne portent pas le masque, l’accroche parfois comme un bracelet au cas où les policiers débarque, et sont peu regardants sur les mesures de précaution. « Les commerçant craignent le policier, pas la maladie », constate amèrement Ahmed, retraité de la poste.

Rattraper «le temps perdu»…

Dans le souk du centre ville, au marché Ensara ou à la placette Larab, les citoyens, souvent sans masques, se déplacent collés les uns aux autres en raison des marchandises étalées parfois par terre. Les grandes surfaces comme Family Shop et Top Shop ont pris certaines dispositions comme l’obligation de porter le masque pour tous les clients et la désinfection des mains dès l’entrée dans ces espaces. Comme pour « rattraper le temps perdu », les fast food et les pizzerias sont débordés par la demande des clients qui s’agglutinent devant les portes sans aucune distanciation. « Nous voulons justement éviter que les gens se regroupent de cette manière, mais c’est très difficile d’imposer de la discipline », se lamente Rafik, gérant d’un fast food. « Nous avons adopté le système de la livraison à domicile. Nous assurons un service jusqu’à 19 h, ça commence à bien fonctionner. Les gens ont compris l’intérêt de ne pas se déplacer physiquement », ajoute-t-il. En s’appuyant sur les réseaux sociaux, des pizzerias de Blida ont adopté ce système de livraison à domicile pour essayer de compenser des pertes de plus de deux mois d’inactivité.

Accès limité dans les agences bancaires

Les rares taxis de Blida, qui ont repris l’activité, ne semblent pas prendre en compte les consignes de prévention émises par les pouvoirs publics. A peine, certains chauffeurs portent-ils le masque. Et, les clients ne trouvent aucune gêne à se mettre à côté du chauffeur. Pourtant, Idir Ramdan, directeur des transports de la wilaya de Blida, a, à plusieurs reprises, évoqué le recours à des sanctions à l’encontre des contrevenants. Les bus urbains ont repris péniblement sans que les mesures de distanciation physique soit réellement respectées. Les receveurs, souvent sans masques, reprennent les mêmes réflexes. Autant que les passagers qui se bousculent parfois devant les portières des bus sans aucune précaution. Théoriquement, le nombre de passagers des bus urbains est limité à 25. « Les gens ont l’impression que l’assouplissement des mesures de confinement signifie que la maladie n’est plus là, donc, ils se relâchent », observe Fatmzohra, employée dans une banque. Toutes les agences bancaires comme celles du CPA, de la BNA ou de la BDL ont pris de mesures pour limiter l’entrée dans les locaux. Du gel désinfectant est mis à la disposition des clients et l’entrée est conditionnée par le port du masque. Les règles sont plus au moins respectées. Ce n’est pas le cas devant les bureaux de poste. A Khezrouna, à Bab Errahba, à Bab Edzair, à Ramoul, à Rmel, à Bounaama Djillali, à Oulad Yaich, à Chebli, à Soumaa ou à Beni Tamou, le décor est le même: rassemblement de dizaines de personnes devant les portières ou à l’intérieur des locaux sans mesures de distanciation. Les efforts de « filtrer » l’entrée des clients sont faibles et le personnel de la poste paraît débordé. Comment respecter les mesures de précaution sanitaire en pareilles conditions?

«Pannes» mécaniques

Devant le Centre des impôts de Blida, à Ouled Yaich, les citoyens s’amassent devant la portière. La plupart de ceux qui attendent ne portent pas de masques même son caractère obligatoire. Devant l’agence de Sonelgaz, à Bab Essebt, au centre-ville de Blida, les clients se rassemblent par dizaines sous le soleil et se plaignent des mauvaises conditions d’accueil puisqu’ils attendent leur rôle en plein rue sans aucune organisation. « Nous attendons depuis ce matin. Il n’y a que deux employés au guichet et ils ne font entrer par une petite porte. Habituellement, nous payons nos factures à la Poste, là ce n’est plus possible, mais qui a donc pris cette décision? », s’interroge Hamid, salarié d’une entreprise privée.Les présents se plaignent aussi de la facture salée de la consommation d’électricité et du gaz, un cumul de trois mois. Dans plusieurs quartiers et communes, comme Ben Boulaid, Bouarfa, Hamleli, Rmel, Douirettes ou Beni Merad, le ramassage des ordures se fait avec plusieurs jours de retard, malgré l’urgence sanitaire et la chaleur. Souvent, les services communaux justifient ces retards par « les pannes mécaniques » des véhicules de collecte de déchets domestiques. Des pannes de plus en plus nombreuses sans que les APC ne donnent d’explication alors que la région est toujours un foyer de la pandémie du Coronavirus. A Chiffa, à l’ouest de Blida, des eaux usées se déversent sur la route. Et les fameuses campagnes de désinfection dans les quartiers relèvent désormais d’une souvenir lointain.

Couvre feu non respecté

Les week-end, les familles blidéennes reprennent l’habitude des sorties. Comme les plages sont toujours interdites d’accès, notamment celles de la wilaya limitrophe de Tipaza, elles prennent la destination des gorges de la Chiffa et de Hamam Melouane où elles se regroupent à côté des eaux de l’oued pour y passer la journée puisque le bain thermal de grande renommée est toujours fermé. La station montagneuse de Chréa est également prisée par les visiteurs surtout le vendredi. Les forêts et les espaces de détente sont abandonnés, après le départ des visiteurs, dans un mauvais état avec des ordures et des restes de nourriture éparpillés partout. Le soir, le couvre feu, imposé à partir de 20 h, est parfois non respecté par les automobilistes, surtout le week-end. Dans les quartiers populaires, l’habitude des petits regroupements nocturnes des jeunes est de retour, après une pause de deux mois. On se rassemble autour de parties de dominos et de thé pour profiter de la fraîcheur du soir. Inutile de parler du masque. Qui va imposer son port à la tombée de la nuit? Les médecins, à l’image de Abdelhafid Kaidi, médecin spécialiste en maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik, ont lancé des alertes contre l’arrivée d’une deuxième vague de la pandémie qui serait dévastatrice. Des appels restés sans écho. Le relâchement constaté à Blida risque d’avoir bientôt des conséquences sur la situation sanitaire, encore fragile dans la région, surtout qu’aux dernières nouvelles le nombre de cas positifs de Covid-19 repart à la hausse.

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