Constitution: fin d’une campagne sur fond de pandémie

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Constitution: fin d'une campagne sur fond de pandémie
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La campagne pour le référendum sur la révision constitutionnelle s’est achevée mercredi 28 octobre 2020 à minuit. Le silence électoral, imposé par la loi organique 16/10 du 25 août 2016 relative au régime électoral, va durer trois jours jusqu’à la tenu du référendum le dimanche 1 novembre. Dans le grand sud du pays, le vote dans les bureaux itinérants a débuté ce jeudi 29 octobre. Cela concerne les wilayas de Tamanrasset, de Tindouf et d’Illizi. Voici quelques déclarations faites durant la campagne par les partisans du projet. Ses opposants, interdits de campagne, se sont limités à des déclarations dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Le chef de l’Etat, porteur du projet, d’abord mis en “confinement volontaire” a été hospitalisé le 27 octobre pour être évacué le 28 en Allemagne pour “examens approfondis”. Le dernier communiqué de la Présidence le donnait “en état stable” et recevant les “traitements adéquats”.

Karim Younes

Karim Younès, médiateur de la République, estime que le projet de révision constitutionnelle est une amorce de « l’édification démocratique » en Algérie. « C’est aussi une amorce pour la lutte contre la bureaucratie, le clientélisme et la corruption ayant gangrénés l’administration et le pays. Le peuple algérien a une opportunité réelle de mettre en place les fondements de l’Algérie nouvelle » , dit-il.

Belkacem Zeghmati

Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice, qualifie le référendum de «rendez-vous déterminant avec l’histoire », « une étape qui, sans nul doute, confortera les bases de l’Algérie nouvelle « . « Il est établi que le Premier Novembre est une date chère à tous les Algériens et, à ce propos, nous nous devons d’être fidèles au serment donné à nos martyrs en prenant part à toute action dont les effets sont bénéfiques pour notre pays », déclare-t-il. Belkacem Zeghmati fustige ceux « qui colportent des mensonges » au sujet des constituants de l’identité nationale « pour porter atteinte à l’unité nationale ».

Ammar Belhimer

Ammar Belhimer, ministre de la Communication, relève que le projet de révision constitutionnelle « préserve la souveraineté nationale, l’unité de la société, les fondements de la Nation ». « Il introduit un équilibre entres les pouvoirs, fait la promotion des droits et des libertés individuelles et collectives, rattrape les vides et les insuffisances enregistrés dans les précédentes constitutions, prend en charge les nouvelles situations, constitutionnalise le hirak populaire, consacre le rôle de la société civile dans la gestion des affaires publiques, interdit le discours haineux et crée de nouvelles institutions comme l’Académie algérienne des sciences et technologie », détaille-t-il.

Hachemi Djaâboub

Pour Hachemi Djaâboub, ministre du Travail, le projet de révision constitutionnelle consacre les principes de la Déclaration du 1er Novembre 1954 et consolide l’État démocratique et social « dans le cadre des préceptes de l’islam ». « L’édification de l’Algérie nouvelle passe forcément par une participation massive au référendum par un vote « oui » afin d’opérer le véritable changement et la rupture à jamais avec les comportements négatifs du passé et les anciennes pratiques de bureaucratie, de corruption et de pillage des richesses nationales ».

Talai’ El Hurriyet

Talai El Hurriyet, le parti créé par Ali Benflis, appelle ses militants à participer au référendum du 1er novembre en leur laissant le libre arbitre de voter, « selon leur conscience et en faisant prévaloir l’intérêt suprême du pays ». Le parti annonce avoir reporté la tenue de son congrès, qui était prévu le 9 et octobre 2020, lequel devait trancher la position politique sur le projet de révision constitutionnelle. Talai El Hurriyet accuse l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) d’avoir exclu certains partis d’exprimer leurs points de vue par rapport au projet soumis au référendum.

Nazih Berramdane

Nazih Berramdane, conseiller auprès du président de la République chargé du mouvement associatif déclare : « Le projet d’amendement de la Constitution apporte des dispositions concernant la société civile qui ne figuraient pas dans les précédentes Constitutions d’Algérie ». « Le projet met un terme à l’image négative qui colle aux associations et vise à mettre en place une société civile consciente et impliquée dans la pratique démocratique », ajoute-t-il

Salim Labatcha,

Salim Labactha, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), estime que le projet de révision constitutionnelle permet de construire « une économie nationale prospère » et renforce les mécanismes de lutte contre la corruption avec la création d’organes de contrôle. « Le projet répond aux aux aspirations du peuple algérien dans tous les domaines, à commencer par la préservation des composantes de l’identité nationale à travers la constitutionnalisation de la proclamation du 1er novembre, le soutien des acquis sociaux et la promotion des pratiques démocratiques et l’action associative », souligne-t-il.

Campagne interdite aux opposants du projet

Ceux qui sont contre le projet de révision constitutionnelle n’ont pas pu animer des meetings ou des rencontres publiques durant la campagne. Voici quelques déclarations faites dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

Mourad Benachenhou

Mourad Benachenhou, ancien ministre et universitaire, estime que le projet de révision de la loi fondamentale ne vise nullement à tourner la page des pratiques constitutionnelles passées, « mais uniquement à assurer la survie du système en donnant au chef de l’État la liberté d’agir à sa guise sans être accusé de violation de la Constitution ».

Appel de six partis

Six partis dont le MSP, Ennahda et El Adala, ont publié, mercredi 28 octobre, un appel pour exprimer leur refus du projet de révision constitutionnelle et pour voter « non » lors d’un référendum. « Le peuple algérien n’a pas encore réalisé les revendications exprimées par le hirak. Nous soutenons ces revendications légitimes pour un changement pacifique et civilisé. Le projet  ne répond pas aux aspirations des Chouhada du Premier novembre et ne consacre pas les engagements faits par le président de la République», écrivent-ils. Ils critiquent le processus d’élaboration du projet de révision constitutionnelle qualifié de « peu transparent ». « Il y a une insistance à restreindre les droits et libertés par des renvois fréquents à la loi, à approfondir les ambiguïtés dans les questions d’identité et à compliquer la nature du système politique en perpétuant le modèle présidentiel totalitaire. S’ajoute à cela l’absence de séparation des pouvoirs et l’inexistence de l’indépendance totale du pouvoir judiciaire », détaillent-ils.

RCD

Le RCD rejette le projet de révision constitutionnelle et critique le choix de la date du 1er Novembre. « Cette date  symbolise, en elle-même, la fuite en avant et elle est en soi une alerte sur l’impasse du régime, qui feint d’ignorer et contourner une volonté populaire qui aspire à un changement profond du système » », estime le parti.

PAD

Les forces du Pacte de l’alternative démocratique (PAD), qui rassemblent, entre autres, le FFS, le PT, le MDS, l’UCP et le RCD, qualifient le projet de révision constitutionnelle de « coup force ». Elles plaident pour un « pouvoir constituant » qui doit « revenir au peuple qui l’exerce à travers les instruments démocratiques dont il se dotera souverainement ». Les forces du PAD disent exiger que prennent fin « sans délai  toutes les pratiques antidémocratiques du régime, que cesse la répression, que soient libérés et réhabilités tous les détenus politiques et d’opinion ».

Abderrezak Makri

Abderrezak Makri, président du MSP, appelle ses militants à voter non au projet de révision constitutionnelle. « Le projet soumis au référendum n’est pas consensuel. Il n’a pas été précédé d’un dialogue et n’exprime pas la volonté populaire. Il a été laissé à une commission désquillibrée qui n’avait pas l’adhésion de tous », dit-il. Il accuse des « lobbies puissants, protégés, ayant l’argent, les médias  et les réseaux» d’avoir influencé l’élaboration du projet de révision constitutionnelle. Selon lui, le projet a pris une coloration laïque. 

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