Le rappel par l’Algérie de son ambassadeur à Paris fait partie des usages codifiés de la diplomatie pour marquer qu’il y a une crise dans les relations. Il ne s’agit pas d’une rupture, l’affaire pouvant évoluer aussi bien vers l’apaisement que vers une aggravation.
Le rappel d’un ambassadeur pour consultation vient, dans les usages, après la convocation de l’ambassadeur du pays concerné. Le ministère algérien des affaires étrangères a ainsi convoqué l’ambassadeur français après l’annonce par le gouvernement français d’une mesure de réduction de 50% du nombre des visas octroyés aux Algériens.
Le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France au lendemain des déclarations du président Macron, publiées par le journal Le Monde, est un niveau plus élevé de sanctions et l’expression d’un fort mécontentement.
Le rappel d’un ambassadeur sert ainsi à marquer que l’Algérie est très en colère et que les propos du président français sont intolérables.
Les spécialistes de la diplomatie soulignent qu’il y a un paradoxe dans cette mesure puisqu’on rappelle un ambassadeur au moment (de crise) où l’on en a le plus besoin. Mais la mesure fait aussi partie de la communication d’un Etat pour marquer publiquement sa colère et son mécontentement.
Généralement, le rappel d’un ambassadeur qui peut durer des semaines ou des mois est suivi par un relatif apaisement, mais il peut aussi préluder à une aggravation de la crise.
La France est actuellement en plein campagne électorale, un climat propice aux surenchères d’autant que le débat est fortement drivé par le discours ouvertement raciste et haineux d’Eric Zemmour, lequel cible particulièrement les Algériens. Le curseur où se trouve le débat français pourrait provoquer un emballement plus grand de la crise en cours.
