Cinéma: « Rafaël » ou quand l’amour saute toutes les barrières

0
Cinéma:
Google Actualites 24H Algerie

Le film néérlandais « Rafaël » de Ben Sombogaart, projeté à la cinémathèque d’Alger, à l’occasion des 7ème Journées du film européen, dénonce la politique européenne par rapport aux réfugiés.


Ce n’est pas un documentaire mais un film basé sur une histoire vraie comme l’a souligné le producteur Jelle Nesna, présent lors du débat qui a suivi la projection du long métrage et qui a animé un master class, dimanche 22 janvier, sur le travail du « producteur créatif ».
L’histoire commence en Tunisie en 2011. Dans le film, on ne mentionne pas la Tunisie mais « l’Afrique du nord ». Une mention inexplicable. Des scènes de violences sont montrées, présentées comme celle de la révolte des tunisiens en janvier 2011. Le cinéaste a pris, par souci excessif de dramaturgie, des libertés avec ce soulèvement qui était loin d’être violent ou menaçant pour les étrangers. A plusieurs reprises, on entend des petites explosions ou des tirs de balles comme s’il s’agissait d’une guerre. Ce qui est loin d’être une réalité.  


« Pas de solution pour les migrants »

Le film suggère qu’un amour, né sur les plages de Sousse, est brutalement rompu par cette révolte. Kimmy ( Melody Klaver) et Nazir ( Nabil Mallat) se sont rencontrés. Le couple passait de doux moments en bord de la Méditerranée parfumé à l’orange et au citron, accompagné de leur ami commun Rafaël (Mehdi Meskar). Pourquoi avoir lié le départ de migrants avec la révolte des tunisiens qui a mis à des années de dictature ?


« Durant la Révolution du Jasmin, beaucoup de tunisiens sont partis vers l’Italie 2011. L’île de Lampedusa a été submergée par les migrants à tel point que les autorités italiennes ne savaient plus quoi faire. Elles ont alors libéré ces migrants, partis ailleurs en Europe, en Allemagne, en France et ailleurs. L’Europe a alors mis la pression sur l’Italie pour mettre fin à cette situation. Par malchance, Nazir est entré à ce moment-là en Italie. A cette époque, il n’y avait pas de solution pour les migrants », a précisé Jelle Nesna.


Revenue au Pays-bas, Kimmy, enceinte, engage toutes les procédures auprès des autorités de son pays et de l’ambassade d’Italie à La Haye pour faire venir son époux, bloqué en Tunisie faute de visa. Mais, elle semble percuter un mur solide, une incompréhension. « Les procédures bureautiques européennes sont faites pour empêcher les personnes venues du Maghreb d’entrer en Europe », a confié Jelle Nesna.


Une bataille douloureuse

Nazir a été reconduit en Tunisie après qu’un garde du camp à Lampedusa ait menti disant qu’un avion allait prendre les migrants à  Milan. Finalement, l’avion a pris la direction de Tunis. Contrairement à Kimmy, qui est entourée de sa mère hésitante puis solidaire (Medina Schuurman), Nazir ne semble pas avoir d’attache familiale. Il est en permanence assis fumant en bord de mer. Idem pour Rafaël. N’ont-ils pas d’autres idées que le départ ? N’ont-ils plus d’attache avec la terre natale ? Les scénaristes Tijs Van Marle, Massimo Gaudioso et Fabio Natale ne se sont apparemment pas posé ces questions pourtant inévitables.


Rafaël, qui ne manque pas d’optimisme, veut retrouver les belles italiennes. Il connaîtra un autre sort. Un drame.


La bataille que mène Kimmy est douloureuse. Souffrance atténuée par un amour profond. Et Nazir, poussé aussi par l’énergie de l’amour, résiste comme il peut à l’univers carcéral des camps. Rafaël est un drame social, qui frôle parfois le mélodrame avec un usage exagéré de la musique, a le mérite, au moins, de dénoncer les politiques européennes en matière de migration et qui sont loin d’être cohérentes.

Le cinéma européen commence à se saisir avec courage de ce sujet souvent clivant dans le Vieux continent. Quand Kimmy, débordant d’émotions, dévoile l’affaire aux médias, rencontrés par un heureux hasard dans le camp de Lampedusa, Rome et La Haye se sont renvoyés la balle. Aucune capitale n’assume. Et, l’humanité peut attendre à la porte !  

Article précédentTrois morts dans le crash d’un hélicoptère militaire à Ain Defla
Article suivantCinema: « Let there be light » ou quand l’autorité parentale est mise à rude épreuve

Laisser un commentaire