Cinéma: “Extracurricular” ou quand l’amour d’un père dénude une société tourmentée

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Ivan-Goran Vitez continue d’étonner avec des films originaux dans lesquels la comédie apprivoise délicieusement la tragédie. Après “Shooting stars”, en 2015, une comédie noire sur la deuxième guerre mondiale, le cinéaste croate revient avec “Extracurricular” (cours supplémentaires), présenté aux 7ème Journées du film européens qui se déroulent à Alger jusqu’au 26 janvier.


Vendredi 20 janvier, le public de la cinémathèque d’Alger n’a pas regretté de faire le déplacement lors d’une journée pluvieuse. On ne s’ennuie pas de voir “Extracurricular”, “Dopunska Nastava” en serbo-croate, un film qui commence comme un drame social pour se développer en une histoire complexe où tout est mêlé.


Vlado Mladinić (Milivoj Beader), un père au chômage, nouvellement divorcé, souhaite voir Ana (Frida Jakšić), sa fille, pour lui offrir un cadeau à l’occasion de son neuvième anniversaire. Il se rend à l’école où Ana est scolarisée mais il est empêché de voir sa fille parce que son épouse a donné instruction à la directrice de l’établissement pour que la rencontre n’ait pas lieu.


Plan machiavélique

Que faire ? Le père prend une arme et un gâteau et débarque dans la classe d’Ana. Une fois la peur dépassée, l’enseignante comprend l’objectif de la “visite” de l’homme, blessé dans sa dignité. Parallèlement, le maire (Željko Königsknecht), qui ambitionne d’être réélu malgré les affaires qu’il traîne, suit la prise d’otages et tente d’en tirer profit.


Avec son conseiller et l’aide d’un commissaire de police, il élabore un plan machiavélique. Ils font appel à des mercenaires. Un jeune journaliste, en quête de célébrité, se mêle de l’affaire et essaie, lui aussi, de récolter des dividendes et attirer “les visites” pour son site électronique.
A côté de l’école, les parents d’élèves font le reproche à la mère d’Ana d’avoir empêché son père de la voir. Face à la caméra d’une télévision locale, ils déballent tout avec une journaliste qui leur souffle parfois des propos. L’un d’eux critique Angela Merkel d’avoir ouvert les frontières aux réfugiés syriens et irakiens et déverse toute sa haine sur “l’autre”. Un policier avec deux gardiens tentent de libérer les enfants.


De lointains souvenirs de guerre

Ivan-Goran Vitez critique le système éducatif croate qui laisse les enfants entrer en classe avec leur téléphone portable. Il dénonce les méfaits des réseaux sociaux mais aussi la corruption de la classe politique et de la police à travers un maire prêt à tout pour apparaître comme “un héros” dans sa ville, servi par un commissaire docile et sous contrôle.


Le film, qui porte également une dénonciation du pouvoir parental mal exercé, évoque les lointains souvenirs de la guerre des Balkans (entre 1991 et 1995). Des traces existent encore dans la société croate. Les mercenaires, sollicités par le maire, semblent sortir d’une porte de l’enfer de la guerre des Croates contre les Serbes. Une guerre durant laquelle de nombreux crimes ont été commis. Crimes impunis à ce jour.


Mené comme un thriller contemporain, le film de Ivan-Goran Vitez tire sa force du jeu des personnages, des situations, parfois imprévisibles, et des dialogues à forte densité ironique. Aucun mot ni aucune image ne sont de plus dans cette fiction menée à rythme rapide et qui en dit long sur la sociologie de la Croatie d’aujourd’hui. Une Croate qui peine à se débarrasser des démons du passé.  “Extracurricular” a été sélectionné en 2022 pour représenter la Croatie aux Oscars. 


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