Chakib Bahou: “Loin d’être une ascension dans le monde littéraire, publier un livre c’était un rêve”

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Chakib Bahou:
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Chakib Baho est un jeune lycéen âgé de 16 ans aujourd’hui, né en 2007  à Hadjout (wilaya de Tipasa). Il a été scolarisé en Algérie jusqu’à l’âge de 11 ans qu’il quittera après le décès de sa mère qui le marquera à vie. Il vit, depuis, chez sa tante maternelle dans une commune française en l’occurrence Saint Hilaire de Lolay en Vendée au pays de la Loire. Actuellement, il poursuit sa scolarité au sein du lycée Léonard-de-Vinci, à Montaigu-Vendée après une scolarité au collège où il sera récipiendaire de deux prix en 2019 et 2020 du concours Prix Ouest Jeunesse organisé par le Printemps du livre de sa commune.


24H Algérie: On parle de toi comme étant le plus jeune écrivain algérien, qui vient de publier son premier roman -« l’Ascension des damnés » aux éditions Vérone- à l’âge de 16 ans. Qu’est-ce que te fait cette ascension dans le monde littéraire ?
Chakib Baho : Je me dois de garder les pieds sur terre. Loin d’être une ascension dans le monde littéraire, il s’agit tout simplement d’un challenge que j’espérais relever depuis mon enfance, car publier un livre était un rêve. J’ai encore beaucoup à apprendre. Je compte sur les critiques qui me seront très utiles et j’invite mes lecteurs à donner leur opinion sur mon livre, cela me permettra de m’améliorer davantage.

C’est plutôt rare, pour un jeune Algérien de ton âge et surtout de ta génération, de s’intéresser à l’écriture et à la littérature. Quel a été le déclic ?
Le déclic qui m’a permis d’écrire dépend, en réalité, de plusieurs facteurs. J’ai été bercé par des histoires que me racontait ma grand-mère maternelle. Quand je suis entré à l’école et que j’ai appris à lire et écrire, j’ai tenu un journal intime où j’écrivais tout ce qui me passait par la tête. Je lisais dorénavant moi-même les histoires dans de petits livres. Au départ, je lisais des livres de science-fiction et d’aventure, à l’image de certains auteurs comme Jules Verne, les Contes de Charles Perrault, ou encore les Fables de La Fontaine. Mon imagination était donc bien nourrie et le temps était venu pour moi de mettre cela noir sur blanc.

Je sais le traumatisme que tu as vécu, puisque tu as perdu ta maman à l’âge de 5 ans alors qu’elle venait en Algérie pour te voir, puisqu’à cette époque tu vivais encore avec tes grands-parents. Comment as-tu transcendé ce drame ?
Je n’ai toujours pas surmonté cette douleur, je dirais même cette blessure profonde. Je m’en rappelle encore très bien. Ma défunte mère est décédée la veille de son arrivée en Algérie, alors qu’elle venait me chercher pour que j’aille vivre avec elle et son mari en France, où elle faisait ses études de post-graduation en biologie. Elle souhaitait évidemment qu’on vive une vie de famille paisible. Se séparer d’un être cher est difficile, mais, heureusement, que mes grands-parents maternels étaient présents pour moi, ils m’ont tout offert et se sont sacrifiés pour moi.

Ton départ en France, à l’âge de 11 ans, où tu vis aujourd’hui auprès de ta tante, a peut-être aidé à cicatriser quelque peu cette douleur. Quel accueil as-tu reçu en arrivant en France ?
La douleur est intrinsèque, elle est incrustée au plus profond de mon être… J’essaie de la sublimer en ayant de très bons résultats scolaires, en pratiquant le football dans le club local de Montaigu, et lorsque j’ai du temps libre, je me mets devant mon bureau et j’écris. Mon emploi du temps est assez chargé, et de cette façon, j’arrive à transcender toutes ces blessures, ainsi que donner un sens à ma vie. En arrivant en France à l’âge de 11 ans, j’ai été bien accueilli au collège, aussi bien par l’équipe pédagogique que par mes camarades.

As-tu commencé à écrire en Algérie ou en France ? J’ai lu, qu’après une brillante scolarité au collège Michel-Ragon, tu as remporté en 2019 et 2020, donc à deux reprises, le concours Prix Ouest Jeunesse organisé par le Printemps du livre de la commune Saint-Hilaire-de-Loulay (Vendée en pays de la Loire,) quels étaient les sujets ?
J’ai commencé à écrire mon roman vers la fin du collège, en France. Il nous a été donné d’apprendre des techniques et les outils qu’on utilise pour la narration, durant tout le cursus scolaire. Puisque je débordais encore d’imagination, j’ai voulu mettre en pratique toutes ces méthodes assimilées. De plus, les deux concours que j’ai remportés au Printemps du Livre en 2019 et 2020 m’ont conforté dans mon envie d’écrire.


Ton roman aborde le thème de la pauvreté, voire même de la paupérisation, avec en perspective un monde plus égalitaire et meilleur, n’est-ce pas un peu trop sérieux pour un jeune de ton âge qui doit avoir plein de rêves plus terre à terre dans la tête ?
Dans ce roman, j’ai souhaité laisser libre cours à mon imagination avec beaucoup d’éléments surnaturels. De mon point de vue, le thème de la pauvreté n’est pas seulement réservé aux adultes. Je suis de nature sensible et je ne conçois pas que dans le monde où nous vivons il y ait un grand fossé entre les riches et ceux qui sont plus démunis. Le message que je veux transmettre est que la pauvreté n’est pas une fatalité, l’homme se doit de mobiliser tous les moyens pour la combattre.

Ta grand-mère maternelle, retraitée de l’enseignement, et ton grand-père un cadre de l’administration locale et qui lit beaucoup, ont-ils été pour quelque chose dans ton intérêt pour la littérature ? Quels sont les auteurs que tu as lus et dont tu as apprécié les œuvres ? Y a-t-il des Algériens parmi eux ?
Mes grands-parents me disaient toujours que si je voulais réellement libérer mon imagination, il fallait que j’écrive. Et de fil en aiguille, j’ai compris que l’écriture et la lecture étaient intimement liées. A l’âge de l’adolescence, je me suis intéressé aux œuvres littéraires, avec des auteurs comme Albert Camus, Ernest Hemingway et son roman « le Vieil homme et la Mer », John Steinbeck, « les Raisins de la colère », ou encore Romain Gary, « la Promesse de l’aube ».

Toutes ces références littéraires m’ont aidé à élaborer mon propre livre. Quant aux auteurs algériens qui écrivaient… je sais que l’Algérie détient un lien profond avec la littérature, puisque le premier roman du monde « Ane d’or » d’Apulée de Madaure, a été écrit en Algérie. L’histoire de l’Algérie regorge d’écrivains brillants dans la maîtrise de la langue française, avec Kateb Yacine, Rachid Boudjedra, et actuellement Yasmina Khadra.

Selon ton grand-père Mohamed, tu es un élève brillant dans ton lycée en France. Quels souvenirs gardes-tu de l’école algérienne où tu étais scolarisé et de tes profs ?
Je garde de très bons souvenirs de l’école algérienne, où j’ai fait tout le cycle primaire. Grâce à mes instituteurs, j’ai acquis une très bonne base. Durant ma scolarité, j’étais très curieux, j’intervenais souvent dans le cours. Ce qui dérangeait tellement mon maître d’école qu’il finit par me dire que j’étais imbu de ma personne et que je croyais tout savoir.

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