Cannabis: le gouvernement marocain approuve la légalisation, tensions au parti du pouvoir

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Cannabis: le gouvernement marocain approuve la légalisation, tensions au parti du pouvoir
Cannabis: le gouvernement marocain approuve la légalisation, tensions au parti du pouvoir
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Le Maroc fait un pas de plus vers la légalisation du cannabis. Le Conseil de gouvernement marocain a adopté ce jeudi 11 mars 2021 le projet de loi portant “usages licites du cannabis”, a annoncé son porte-parole, Saaid Amzazi, dans un communiqué relayé par l’agence de presse marocaine. Une adoption controversée qui a vite suscité des tensions au Parti de la justice et du développement (PJD), dont le SG est l’actuel Chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani.

Le texte doit désormais être transmis au Parlement pour débat et approbation. Le projet a aussi pour objectif “de créer une agence nationale chargée de la coordination entre tous les départements gouvernementaux, les établissements publics et les partenaires nationaux et internationaux pour le développement d’une filière agricole et industrielle dédiée au cannabis, tout en renforçant les mécanismes de contrôle”, ajoute le communiqué.

Le texte de loi “ouvre la voie aux agriculteurs pour rejoindre les coopératives agricoles, avec obligation de recevoir les récoltes des entreprises de fabrication et d’exportation, tout en prévoyant des sanctions pour dissuader les contrevenants aux dispositions de cette loi”, a ainsi noté le porte-parole du gouvernement.

Tensions au PJD, le parti au pouvoir

Le projet de loi autorise un usage “médical, cosmétique et industriel” du cannabis ne concerne pas le cannabis “récréatif”, toujours prohibé, explique le Conseil du gouvernement. Le but est de “reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi”, selon le texte.

Le projet de loi suscite surtout des tentions à l’intérieur du parti au pouvoir, le PJD. L’ex-chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, membre du Conseil national de ce parti, avait menacé de mettre fin à son adhésion si le projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis est adopté au Parlement.

Il a suffi que le projet soit adopté par le gouvernement pour que Benkirane “gèle” son adhésion à ce parti. Il a aussi annoncé une rupture de ses relations avec 5 ministres, des personnalités de cette formation politique.

Dénonciations permanentes de l’Algérie

L’adoption de ce projet de loi intervient surtout après plusieurs dénonciations et avertissements de l’Algérie contre la contrebande et du trafic de cannabis opéré par le pays voisin. Le 01e mars, c’était l’armée algérienne qui a accusé le Royaume de recourir «à tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières et ce, en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage ».

« La pauvreté prend de l’ampleur au Maroc et le chômage s’installe de plus en plus parmi les jeunes. C’est pourquoi, le régime marocain ferme les yeux sur la contrebande et le narcotrafic. De surcroit, il encourage et motive ses éléments postés sur ses frontières pour faciliter l’acheminement des tonnes de drogues vers l’Algérie », lit-on.

Le 9 mars, c’est la Gendarmerie nationale qui est montée au créneau pour dénoncer la dangerosité du cannabis « moderne » marocain, “comparable à des drogues dures comme la cocaïne et l’héroïne”.

« Le Maroc a toujours été un pays de production industrielle de cannabis. En plus de ça, à partir de 2010, la culture du cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformations. On a vu son industrie se transformer par l’introduction massive de variétés hybrides, à haut rendement, ce qui a permis d’augmenter la production et d’augmenter la puissance du haschisch », a expliqué le lieutenant-colonel Yacine Boumrah, de l’institut de criminologie.

Premier producteur mondial de cannabis, entre 80.000 et 120.00 familles concernées

Le Maroc est classé premier producteur mondial de résine de cannabis (haschich) par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) dans son rapport 2020.

Bien supérieurs aux estimations de ce rapport –47.500 hectares en 2018–, les chiffres officiels dévoilés cette semaine à Rabat font état de “55.000 hectares cultivés en 2019”.

“De l’avis des experts, les atouts du royaume en la matière sont pour le moins indéniables: un écosystème propice, la proximité du marché européen en plein essor et un savoir-faire ancestral des agriculteurs”, écrit l’agence officielle MAP.

Les données officielles ne dévoilent pas la production actuelle qui s’élève, selon une étude publiée en 2020 par le réseau indépendant “Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée”, à plus de 700 tonnes par an, pour une valeur de 23 milliards de dollars (environ 19 milliards d’euros).

Traditionnellement cultivé depuis des siècles, autorisé sous le protectorat français, interdit en 1954 mais toléré depuis, le “kif” fait vivre entre 80.000 et 120.00 familles, selon les estimations.

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