Les biennales d’art contemporain

0
Les biennales d'art contemporain
Google Actualites 24H Algerie

“Une biennale, c’est une énorme pièce de théâtre qui doit dire son temps” Massimiliano Gioni

Au moment où la Biennale d’art contemporain d’ Oran s’annonce pour juillet 2022, il est à parier qu’elle sera une vitrine de la vitalité de l’art contemporain algérien et méditerranéen . La crise d’un pays est une catharsis  pour les artistes, un moment privilégié où ils se doivent de nous dire le monde vers lequel on se dirige . Une biennale est une scène , « une énorme pièce de théâtre qui doit dire son temps » comme le disait Massimiliano Gioni commissaire de la 55e Biennale de Venise.

Il y a deux types de biennales : celles qui donnent à voir, produisent de l’information à grande échelle et dont la championne reste Venise», vivier d’artistes plus ou moins connus, plus ou moins cotés, et celles qui se construisent autour d’un thème, d’un fil d’Ariane dont la Documenta ou l’expédition en terra incognita, autour d’un continent entier comme la Biennale de Sao Paulo ou la Bienal do Mercosul de Porto Alegre.

Ce n’est pas uniquement un lieu où les professionnels se rencontrent, débattent, font réseau, en effet rappelons-nous ici les images d’un public brésilien, qui faisait la queue à la Biennale de Sao Paulo 2012 pour entrer dans le bâtiment historique dessiné par Oscar Niemeyer en 1957 soit une surface d’exposition 30.000 m2. Une biennale dont le budget s’est élevé à 11 millions de dollars.

Les biennales et les grandes manifestations d’art contemporain se multiplient à travers le monde parce qu’aujourd’hui, elles représentent un enjeu économique majeur, à la fois levier du rayonnement culturel, catalyseur du tourisme d’un territoire, soft power . Certaines sont plus interessante que d’autres, particulièrement lorsqu’elles adoptent une dimension prospective qui interroge les sociétés, comme on l’a vu à Berlin sur le néo colonialisme ou à Sao Paulo sur l’état de la planète .

La Biennale de Berlin créée en 1996 par Klaus Biesenbach (fondateur du KW Institute for Contemporary Art, la Berlin Biennale für zeitgenössische Kunst a toujours eu une forte connotation historique, politique et sociologique.

Le plus important c’est que chacune d’elles expose, documente le futur d’une aire géo-culturelle par les œuvres d’artistes, sismographes des imaginaires en déconstruction/construction, en transformation, en mouvement.

Une biennale chasse l’autre,  hier Sharjah, aujourd’hui Venise, bientôt Lyon, Istanbul, Singapour, demain Oran. On dénombre soixante biennales et triennales en cours de gestation, on mesure ainsi l’enjeu frénétique de la compétition internationale.

La biennale d’Oran organisée par Tewfik Ali Chaouche,président fondateur et de l’association CIV OEIL  avec une équipe élargie de commissaires aux expositions, présentera en juillet 2022 les artistes dans plusieurs lieux d’exposition liés au patrimoine architectural de la ville :au Musée MAMO  en partenariat avec le Musée nationale Ahmed Zabana, à la Médiathèque d’Oran (ex-Cathédrale du Sacré-Coeur), aux Bains Turcs à Sid El Houari, auPalais du Bey, à la Galerie « CivOeil” .

A la dernière Biennale d’Oran nous avions eu le plaisir de voir les travaux, entre autres, de Samta Benyahia, Zineb Sédira (qui représentera la France à la prochaine Biennale de Venise), Yasser Ameur, Dalila Bouzar, Adel Bentounsi, Bardi, les écoles des Beaux arts avec Hachemi Ameur et Karim Segoura, enfin Sadek Rahim artiste et co-organisateur avec Tewfik Ali Chaouche .

Les objectifs de cette biennale sera mettre en valeur la création contemporaine dans le patrimoine historique de la ville, de créer un réseau de travail coopératif entre les différents acteurs œuvrant dans le domaine de la création artistique contemporaine en Algérie et en Méditerranée.

Aujourd’hui, la scène artistique algérienne (art contemporain, art visuel, Pop culture, photographies, designers, street art …) se réoxygènent par de nouvelles approches et par des talents qui s’inscrivent dans les traditions locales sans se figer dans la répétition du passé, ils s’ouvrent à tous les courants sans abdiquer leur originalité.

Dans un contexte pareil, l’art devient un instrument d’anticipation, un outil, un support de résistance, d’émancipation et de critique sociale qui aide aujourd’hui à comprendre les changements sociétaux profonds d’une jeunesse arrivée à maturité .

L’Algérie a une place à prendre, loin des aliénations culturelles provoquées par le tourisme de masse ou l’exotisme intérieur . De par son histoire, sa situation géographique, la jeunesse de sa population, sa richesse, elle a un rôle à jouer, mais cela nécessite du travail, de l’exigence, de la remise en question, de la recherche et de la ténacité ; il en va ainsi de notre rapport au monde et du développement d’une nation toute entière.

Article précédentLes journées de décembre 1960 : Le tournant décisif
Article suivantNouveau report du réexamen de l’affaire de l’ex-wali d’Alger Zoukh

Laisser un commentaire