Les avocats de Drareni persistent: “c’est le journaliste qui a été ciblé”

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Avocats de la défense du journaliste Khaled Drareni
Avocats de la défense du journaliste Khaled Drareni
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Khaled Drareni subit un acharnement judiciaire en raison de son activité de journaliste ont martelé, mercredi, au cours d’une conférence de presse organisée au siège de SOS disparus, les avocats du journaliste, en réponse aux déclarations des officiels qui cherchent à “détourner l’affaire de son contexte journalistique”.

Maîtres Mostefa Bouchachi, Abdelghani Badi et Zoubida Assoul, se sont longuement exprimé sur le traitement réservé au journaliste, condamné en appel, le 15 septembre dernier, à deux ans de prison ferme. Un verdict, qui disent-ils, «a choqué les avocats et l’opinion publique » et qui est  «sans fondement juridique».

C’est bien le journaliste et l’activité de journalisme qui ont été ciblés dans l’affaire, assurent les avocats. Me Mostefa Bouchachi a souligné que lors des interrogatoires subis par Khaled Drareni de la part de différents services de sécurité et aussi par le juge d’instruction, les questions ont porté exclusivement sur sa couverture de Hirak.

“Quand Khaled Drareni a été interpellé il ne portait pas de pancarte, il ne criait pas de slogans. Il était chez lui quand il a entendu des manifestants dans la rue , il est sorti faire son travail. Dire le contraire est une tentative de leurrer l’opinion publique” a ajouté l’avocat.

Khaled Drareni a été arrêté le samedi 7 mars 2020, alors qu’il couvrait une manifestation. Il a été accusé, ainsi que les militants Samir Belarbi et Slimane Hamitouche “d’atteinte à l’unité nationale” et “d’incitation à attroupement non armé”.

Une affaire “purement politique”

Les avocats de la défense se sont indignés une fois de plus des ingérences de l’exécutif dans l’affaire du journaliste Khaled Drareni. Pour eux les déclarations récurrentes du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune et du ministre de la communication Amar Belhimer au sujet de Khaled Drareni, prouvent que c’est une affaire « purement politique ».

«Il y a un entêtement à vouloir détourner l’affaire de Khaled Drareni de son contexte journalistique, et pour preuve les dernières déclarations du chef de l’État, qui lors d’un entretien sur la télévision nationale, déclare que le journaliste Khaled Drareni n’est pas en prison pour avoir exercé son métier, mais parce qu’il a travaillé avec des médias étrangers sans accréditation» a souligné Me Abdelghani Badi

« Le pouvoir utilise les médias officiels et diffuse des entretiens à la télévision nationale pour s’exprimer sur l’affaire du journaliste Khaled Drareni, mais on ne donne jamais le droit de réponse à la défense. Nous sommes ici aujourd’hui pour dire que Khaled Drareni a été arrêté pour son métier de journaliste, c’est ce que l’opinion publique doit retenir » a-t-il poursuivi.

L’avocat note que si, comme l’affirment le président et le ministre de la communication, Khaled Drareni a été arrêté car il travaillait sans accréditation, “est-il concevable qu’on l’accuse d’atteinte à l’unité nationale pour un simple accréditation?”.

Pour rappel, les avocats, ainsi que le comité de soutien à Khaled Drareni, assurent que le dossier du journaliste a pris une autre trajectoire depuis que le chef de l’État l’a accusé, sans le nommer, d’être un “khbarji” (un indicateur). l’a qualifié d’indicateur. Se considérant comme un innocent victime d’une injustice, Khaled Drareni a introduit un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. Pour les avocats cette démarche est nécessaire car il est inacceptable de se résigner à ce verdict.

Une dimension internationale

Me Zoubida Assoul a souligné que si l’affaire Khaled Drareni a pris une dimension internationale, cela est la faute du pouvoir qui manque à ses engagements internationaux en matière de respect des droits de l’homme. En signant ces conventions et traités, l’Algérie s’est engagée au respect du droit international en la matière.

Ce sont ces manquements à ses obligations – le droit international prime sur la droit national – qui poussent les ONG et les médias dans le monde entière à se solidariser avec Khaled Drareni. Il ne s’agit pas d’ingérence, mais d’une défense des valeurs universelles, estime l’avocate.

“Au regard de la Constitution, il est interdit d’emprisonner un journaliste qui ne fait qu’exercer son métier. Khaled Drareni n’a pas commis de crime et n’a pas vendu son pays pour mériter ce sort » ajoute Zoubida Assoul en soulignant que ceux qui ont “vendu le pays” se trouvaient dans le pouvoir au cours des dernières décennies.

Le pourvoi en cassation de Khaled Drareni, “une question de principe pour le journaliste” rend impossible une grâce présidentielle, mais assurent les avocats il existe dans la procédure judiciaire des possibilités de remettre le journaliste en “liberté provisoire” en attendant que la cour suprême statue sur le pourvoi en cassation.

Par ailleurs, le Comité de soutien à Khaled Drareni, a dénoncé, dans un communiqué rendu public mercredi, le “traitement spécifique” subi par le journaliste. Khaled Drareni, indique le communiqué, est devenu un “otage personnel” du président Abdelmadjid Tebboune qui a ” conduit une charge personnelle contre le détenu provisoire, le 02 mai 2020 en le traitant de « Khebardji » pour justifier son incarcération le 27 mars précédent“.

Pour le comité, l’appareil judiciaire ne “s’est pas « libéré » de cet épisode unique dans les annales où un chef d’Etat se transforme en procureur général dans une affaire en cours, ajoutant une accusation inventée par son entourage et ne figurant ni dans le rapport de l’enquête préliminaire ni dans le dossier de l’instruction judiciaire“.


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