Ammar Allalouche, un militant infatigable de l’art moderne et de l’art dans la Cité

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Ammar Allalouche n'est plus
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L’artiste peintre, sculpteur et musicien, Ammar Allalouche, décédé jeudi soir, à l’âge de 81 ans, a été inhumé ce vendredi 17 juillet 2020, au cimetière Slimane Zouaghi, à Constantine.

«Je suis proche de tous ceux qui militent en faveur d’un art nouveau, car pour moi, l’art nouveau c’est tout d’abord une optique et une vision de la modernité comme étant une tendance vers l’universalité », a toujours plaidé Ammar Allalouche. Formé dans les années 1960 à l’Institut national d’architecture et des beaux arts d’Alger (ENABA) après un passage aux services techniques des Ponts et Chaussées de Constantine, Amar Allalouche a enseigné à l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger puis à l’université de Constantine (faculté d’architecture). Dans les années 1970, il a été nommé directeur de l’Artisanat de la wilaya de Constantine avant de s’occuper du département artistique du Musée central de l’Armée à partir de 1984. Membre fondateur de la section de l’Est de l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) et de l’Association des Amis du Musée national Cirta de Constantine, il a dirigé, à partir de 1993, l’Association nationale des arts plastiques, comme il a été membre de l’International Association of Arts. Il a également milité au sein de l’Union nationale des arts culturels (UNAC). Amar Allalouche figurait aussi parmi les membres de l’Union des artistes plasticiens tunisiens (UAPT) en raison de sa résidence en Tunisie dans les années 1990.

Plaidoyer pour « un espace culturel » maghrébin

Ammar Allalouche a participé durant sa longue carrière à plusieurs expositions et festivals d’arts en Algérie et à l’étranger comme l’Exposition universelle de Séville en 1992 (Espagne), le Panorama de l’art contemporain africain à Tunis en 1994, l’Exposition de l’art maghrébin à Tunis aux côtés notamment de Rachid Koreichi, l’Exposition itinérante organisée à Londres par la Fondation Winsor et Newton et l’Exposition « Les grands peintres du Maghreb » à Paris. Ammar Allalouche était aussi un critique d’art, il s’est beaucoup intéressé à l’oeuvre de Mohamed Khadda et a toujours plaidé pour « l’édification d’un espace culturel maghrébin et africain» et pour une présence forte de l’art dans la Cité pour le rapprocher davantage des gens. « Mon art depuis plus d’une quarantaine d’années : représente l’objectivation des manières d’enracinement de la figuration. Dans la conscience et la tradition ethnique et (éthique), surtout dans l’art populaire. Je suis toujours prêt à transformerle sujet (objet), considéré au profit de la peinture, en gardant pourtant l’intention d’intégrer à l’œuvre une pensée morale qui, si elle veut devenir active, demande une forme concrète et c’est la raison pour laquelle je crée une alternance du figuratif et de l’abstrait lorsqu’il s’agirait du figuratif, et de l’abstrait lorsqu’il s’agirait de proposer une lecture à la portée d’un certain public averti. Un schème qui n’est que représentation intermédiaire entre le concept et les données de la perception », a-t-il soutenu en expliquant sa démarche artistique moderne. Amar Allalouche était très critique à l’égard de l’art contemporain.

L’art comme « acte de liberté »

«  La provocation de l’art contemporain tient à une chose et une seule : l’argent, le prix auquel ces travaux sont estimés et vendus. Ce n’est pas beau parce que c’est beau (quoi qu’on place sous ce terme), c’est beau parce que c’est cher ! L’autorité du succès financier prime sur l’autorité du talent. L’avoir supplante le voir ; L’oeuvre, en réalité, importe peu ou pas, seule compte sa valeur marchante. Il faut du talent et du courage pour peindre, il faut de lamorgue et de la cupidité pour vendre du rien serti d’ordures ou de diamants», a -t-il dénoncé  dans une interview accordée au critique tunisien Mustapha Chelbi. Se présentant également comme « un poète militant », Ammar Allalouche, joueur de luth aussi, plaidait pour que la vie soit « assumée » dans toute son ampleur et parfois dans son absurdité. « Aussi voudrais-je considérer l’art comme un acte de liberté, un affranchissement de l’esprit de ses innombrables interdits, une transgression du conformisme ambiant, une résistance contre la laideur qui menace notre monde en ce début du siècle : nettoyage ethnique, montée des fanatismes de toutes sortes, développement de l’intolérance et la haine de l’autre, banalisation du racisme, victoire de la violence et la volonté de mort. La barbarie dans toutes ses formes qui se modernise. Dés lors, il serait impudique de considérer l’art, la poésie, ces merveilleuses offrandes qui sont le reflet et la parole humaine comme un luxe du langage», a-t-il confié .

Plusieurs toiles et travaux de sculpture de Ammar Allalouche sont restés en Tunisie. L’artiste voulait les rapatrier. Comme, il rêvait de rassembler les jeunes artistes peintres algériens dans un mouvement ou une association pour encourager les échanges et les enrichissements mutuels et éviter les solitudes. Il était également inquiet en raison de « la dégradation accélérée » de l’héritage culturel, architectural et musical de Constantine, sa ville d’adoption. 

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