Algérie- Maroc: sortir de la confrontation

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Algérie- Maroc: sortir de la confrontation
Algérie- Maroc: sortir de la confrontation
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La confrontation avec l’État marocain ne peut laisser indifférent. Les effets de politique intérieure sont perceptibles. Les forces politiques dans le pouvoir ou en dehors qui manipulent la menace et la peur pensent peut-être trouver leur compte. Ils brandissent le mot d’ordre de « front intérieur » pour faire face au « danger extérieur ».

Le « front intérieur », au vu de l’expérience vécue depuis l’Indépendance, signifie intimidation des oppositions au pouvoir. Il signifie acquisition de quelques strapontins dans les organisations syndicales ou de jeunesse pour les forces politiques adeptes du « front intérieur ».

Ce semblant de trêve intérieure maintient en l’état la question des libertés individuelles et collectives. Rien de fondamental ne change. Le problème, c’est que cette « menace extérieure » est abstraite. Aucune concentration de forces militaires n’est signalée aux frontières ouest. Sur le plan militaire, l’Algérie est réputée posséder une armée organisée, dotée d’équipements technologiquement avancés.

Les relations économiques, diplomatiques et sécuritaires avec les pays occidentaux fantasmés agresseurs sont au beau fixe. Aucun risque de blocus économique. Bien au contraire, c’est un gazoduc qui traverse le Maroc qui risque l’asséchement. Un parti d’extrême gauche addicte du « front intérieur » assimile la présence d’un ministre ou diplomate israélien à Rabat à « une présence sioniste au Maghreb ».

La dramatisation pour accréditer la menace. De la mystification ! A bien chercher à comprendre, ce sont les délires d’un diplomate marocain dans les couloirs des Nations-Unies qui créent la panique ou servent d’alibi. Le Maroc croit avoir trouvé la question symétrique à celle du Sahara occidental, le droit à l’autodétermination de la Kabylie.

À ceux qui, en Algérie, pensent la démarche marocaine sincère, on peut lancer un pari : Le Maroc est disposé à désavouer les délires d’un diplomate, qualifié certainement après coup d’égaré ou de zélé, si l’Algérie renonce au soutien du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Il est vrai que posée telle quelle, cette équation ne trouvera pas de solution. Les relations algéro-marocaines continueront de tutoyer la confrontation plutôt que le bon voisinage.

Bien avant l’année 1975, date de surgissement de la question sahraouie, les relations algéro-marocaines n’étaient pas au beau fixe. Le communiqué du gouvernement algérien le rappelle suffisamment. Il faut bien admettre que le problème de fond se trouve en amont. N’est-on pas en présence d’une rivalité entre deux États qui revendiquent chacun le rôle de première puissance régionale ?

Le Maroc par l’expansionnisme territorial. L’Algérie par son opposition à cet expansionnisme. La question sahraouie se trouve au cœur de cette rivalité. Pendant la période de guerre froide, le Maroc avait été mis à mal diplomatiquement. La création de la RASD et son admission à l’OUA constituent le sommet de cette période défavorable au Maroc. Mais depuis la fin de la guerre froide, la restructuration des relations internationales a permis au Maroc de remonter la pente. La présence d’Israël comme pays observateur au sein de l’Union Africaine indique l’évolution de l’environnement international. Un nouveau rapport de force attesté par la position américaine reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental prend forme.

Au total, l’Algérie ne compte plus d’alliés sûrs et déterminants sur cette question. Ni au Moyen-Orient, ni en Afrique, ni en Europe. Il ne lui reste que certains pays d’Amérique latine à l’avenir fragilisé par l’orientation socialiste autoritaire de leur régime. D’un autre côté, la diplomatie algérienne s’est déployée jusqu’ici dans la fusion de l’idéologie et du politique réalisée par l’État socialiste instauré depuis 1962. Cette fusion interne se trouvait prolongée à l’échelle internationale par les alliances internationales que procurait la guerre froide.

Le « camp socialiste » et son influence sur nombre de pays du tiers-monde autorisaient cette diplomatie où l’idéologie se confondait avec l’État. Ce travers de la diplomatie algérienne se trouve contestée par l’environnement international au sortir de la guerre froide. C’est donc une révision de la politique diplomatique de l’Algérie qui est à l’ordre du jour. La diplomatie algérienne n’attend pas son homme providentiel. Elle attend une révision de certains de ses fondements.

Ainsi, l’adhésion aux principes du droit international tel que le droit à l’autodétermination ne s’accommode plus d’un activisme partisan qui implique totalement l’État algérien dans le soutien logistique important au Polisario. Les formes de soutien au peuple sahraoui doivent être repensées. Avec un rôle déterminant de la société civile.

L’État algérien doit prioritairement, dans l’intérêt du pays veiller à favoriser un cadre régional apaisé, propice aux échanges et à la coopération. Un cadre régional où le risque de guerre doit sérieusement être réduit. Un cadre régional qui encourage la réduction des budgets militaires. Une question majeure se pose : Est-ce qu’un climat de bon voisinage, de relations économiques et culturelles plus étendues et une évolution des deux pays vers plus de libertés individuelles ne seraient pas plus profitables au peuple sahraoui qui vit dans l’incertitude et la détresse depuis plus de 45 ans ? Des compromis sont à construire. C’est la tâche qui revient à la diplomatie algérienne rénovée.

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