Affaire Boumala: verdict reporté au 1er mars, un an de prison requis

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Affaire Boumala: verdict reporté au 1er mars, un an de prison requis
Affaire Boumala: verdict reporté au 1er mars, un an de prison requis
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Le verdict du procès contre Fodil Boumala, enseignant universitaire et figure du Hirak poursuivi pour “atteinte à l’unité nationale” et “diffusion de publication de nature de nature à porter atteinte à l’intérêt national” a été reporté au 1er mars prochain. Ainsi en a décidé, le tribunal de de Dar El Beida tard dans la soirée du dimanche à lundi à l’issue des plaidoiries des avocats et de l’ultime intervention de Boumala.

Le procureur de la République a requis plus tôt une peine d’une année de prison ferme et 100.000 dinars d’amende.

Dans un procès atypique qui a duré près de 15 heures, Fodil Boumala, emprisonné à El Harrach depuis le 19 septembre 2019 a perdu du poids mais pas de son habituelle verve. Le juge, un quadragénaire, appelait Fodil Boumala “professeur” et lui a demandé s’il voulait que soit retirées des enregistrements vidéos qui ont été présentés comme des preuves.

Le juge considérant que ces vidéos n’étant pas une production de Boumala, avait le droit de les rejeter. L’activiste a répondu qu’il a toujours veillé à signer ses publications et ses vidéos. “Monsieur le juge, je suis prêt à répondre à toutes les questions de la Cour. Vous pouvez chercher dans tout ce que j’ai écrit et publié au cours de 30 ans, si vous trouvez une seule phrase portant atteinte à l’unité nationale, je suis prêt à donner ma tête à la guillotine”.

Si la justice ne me défend pas, qui me défendra... ?” 

Le ton du procès était donné par Boumala en personne, offensif, sûr de son bon droit et déterminé. “Je crois que la liberté, c’est la patrie” a-t-il déclaré en ajoutant: “je ne suis pas innocent, je suis engagé dans ma cause”.  “Si la justice ne me défend pas dans mon pays qui me défendra dans ce pays”, a poursuivi Fodil Boumala dans une interpellation claire des hommes de la justice.

Le polémiste lance une formule qui fera sans doute date en assurant qu’il était “politiquement laïc” et qu’il est de ce fait l’élève de Ben M’hidi, Abane, Zighout Youcef et Ferhat Abbas. C’est chez eux qu’il a pris l’idée de “séparation du politique et du militaire” qu’il qualifie de “laïcité politique”.

Le terrain était largement préparé pour les avocats, très nombreux, venus de toutes les régions du pays pour défendre Boumala.

“Présomption de culpabilité”

Après les réquisitions, sans aucune plaidoirie du représentant du ministère public, les avocats ont souligné que le dossier de l’accusation était vide. Me Benissad n’y va pas par quatre chemins: “nous sommes passés du principe du respect de la présomption d’innocence à l’imposition de la présomption de culpabilité”.

La plupart des plaidoiries ont souligné le caractère vide du dossier d’accusation et ont appelé le juge à prendre une décision “courageuse” et “historique” en prononçant un verdict d’innocence.

Les avocats, plusieurs dizaines à plaidoyer, ont largement mis en exergue une phrase de l’acte d’accusation rédigé par un policier, jugé désobligeante et révélatrice, accusant Boumala d’exploiter la “naïveté” des Algériens. C’est Boumala qui a clos ce procès atypique: “libérez-moi et je vous libère”.

Lorsque le juge a annoncé sa décision de reporter le verdict pour le 01 mars, la salle s’est soudainement levée pour entonner des slogans de soutien à Fodil Boumala et hostiles à la “Justice du téléphone”.

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