Accusé de “Gros mensonges”, Darmanin persiste: la polémique continue

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Accusé d’avoir commis de “gros mensonges” par le chef de l’Etat Algérien, “l’entourage” de M. Darmanin, le ministre de l’intérieur français dit maintenir le chiffre de 7 730 obligations de quitter le territoire français (OQTF) prononcées contre des ressortissants algériens depuis janvier 2021.

Le problème est que le ministre français entretient une confusion entre ces fameux OQTF et les demandes de laissez-passer consulaires adressées formellement par la France à l’Algérie. Du coup, on ne parle pas de la même chose. 

Les obligations de quitter le territoire français (OQTF),  signifiées aux Algériens, susceptibles de recours, ne sont pas applicables de manière automatique par l’Algérie, il faut nécessairement que des demandes de laissez-passer soient adressées aux autorités algériennes. 

C’est sans doute l’explication de ce décalage abyssal entre les chiffres avancés par le ministre français et les 94 cas évoqués par le chef de l’Etat algérien. La confusion, qui peut difficilement être considérée comme accidentelle, placerait ainsi l’Etat algérien comme exécuteur automatique des décisions de justice, comme si ces dernières étaient des demandes de laissez-passer consulaires.

Les amalgames de Darmanin

“L’entourage” de M. Darmanin ne dit d’ailleurs pas qu’il y a eu 7730 demandes de laissez-passer mais tente d’expliquer que la liste des 94 cas évoqués par le président Tebboune correspond “aux profils ultra-prioritaires, ceux fichés pour radicalisation et qu’on considère comme les plus dangereux, qu’on veut renvoyer au plus vite”.

Le reste des 7.730 OQTF peuvent concerner des personnes entrées irrégulièrement en France sans titre de séjour ou vivant sur le territoire au-delà de la durée de validité d’un visa ou d’une carte de séjour valable ou encore représentent une menace pour l’ordre public et résidant depuis moins de 3 mois en France. Mais du point de vue de l’Algérie, ces 7730 OQTF dont parle “Moussa Darmanin” ne sont pas 7730 demandes de laissez-passer. Bref, Paris et Alger ne parlent pas de la même chose. 

Des observateurs relèvent que la quantité d’OQTF invoquée par les autorités françaises ne préjuge pas du tout du nombre de laissez-passer consulaires demandés, lesquels ne sont nécessaires qu’en cas d’absence de passeport.

Comme le note un commentaire placé dans un grand journal français, “ beaucoup de gens (et potentiellement la majorité) peuvent recevoir une OQTF sans être clandestins, mais simplement car leur nouvelle demande de permis de séjour n’a pas abouti, demande qui nécessite de présenter un passeport… De plus, les OQTFs sont fréquemment annulées par la justice, les préfectures étant parfois parfaitement de mauvaise foi. En fin de compte, présenter ce chiffre de 8000 OQTF est d’une parfaite mauvaise foi. C’est un peu comme si pour estimer le nombre de fraudeurs fiscaux, on donnait le nombre de personnes qui ont payé leur taxe foncière en retard.” 

Les autorités françaises entretiennent-elles sciemment l’amalgame sur les chiffres pour justifier les rétorsions sur les visas pour flatter un électorat travaillé par l’extrême-droite dans la perspective des élections présidentielles d’avril 2022? Question légitime. Dans un entretien accordé au journal algérien El Khabar Hebdo, l’historien Benjamin Stora, auteur du rapport sur la mémoire auquel se réfère le président français, met  en garde contre un climat délétère qui risque de se dégrader davantage à l’approche de la présidentielle française.   

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