A Skikda , des toiles de maîtres cherchent musée

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A Skikda , des toiles de maîtres cherchent musée
A Skikda , des toiles de maîtres cherchent musée
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Qui croiraient que sur les murs de l’hôtel de ville de Skikda, se prélassent des tableaux d’illustres peintres ? Et pourtant la ville détient depuis l’époque coloniale un grand nombre d’œuvres de peintres de renommée mondiale. Les plus connus, Maurice Utrillo, Adam Styka, Charles Feola, Raphaëlli ou encore Maurice Lévis. Il est surtout difficile de croire, qu’un patrimoine d’une telle richesse, n’a jamais été exposé pour les Skikdis.

“L’histoire de ces œuvres d’art, des tableaux plus exactement, remonte au mandat de Paul Cuttoli comme maire de Skikda (ex- Philippeville) entre 1929 et 1949. Il est à la fois sénateur et maire, entretenant de bonnes relations avec la population musulmane et se démarquant nettement des ultras. En mai 1945, il usa,selon les dires des anciens, de toute son autorité pour empêcher toute répression démesurée à Skikda. Ce qui est sûr, c’est que les plus belles réalisations de la ville ont été faites durant ses mandats : l’Hôtel de ville et la Mairie, la piscine municipale, le siège de la Banque d’Algérie, pour ne citer que les plus emblématiques. Ce grand monsieur serait surement déçue s’il apprenait que les Sikdis sont privés d’admirer ce patrimoine” déplore un sexagénaire, fils de la ville.

La seule initiative qui existe à ce jour, pour montrer la richesse de ce patrimoine est l’ouvrage hors commerce intitulé “les peintures de l’hôtel de ville de Skikda”, qui fait l’inventaire de tout ce patrimoine artistique, avec de brefs commentaires, dates d’acquisition des œuvres, fac-similés des factures. Son auteur, Nouar Ahmed, un mathématicien citoyen de la ville et féru d’histoire. Il tenté de rétablir une partie de l’histoire de ces tableaux grâce aux archives communales auxquelles il a eu accès en tant que vice-président chargé de la culture à l’APC.

Le must de cette collection, sont les six tableaux de Maurice Utrillo. Un peintre post- impressionniste de l’Ecole de Paris qui a vécu entre 1883 et 1955. On peut découvrir dans ce livre, que Maurice Utrillo est fortement représenté. Trois gouaches sur papier ont été achetées le 12 juin 1933 pour la somme de 7 500 FF, peut-on lire encore. Les trois gouaches s’intitulent : Le moulin de la galette, Square Saint-Pierre et les Fortifications de Paris.

Un autre tableau du même artiste, “la Place du Tertre sous la neige” a été acquis en 1933 également au prix de 10 000 FF. La même année sont achetées deux autres tableaux d’Utrillo au prix de 25 000FF, (église de Saint Bernard) et (usine aux gobelins). Cependant les membres de l’association Utrillo, basée en France, estiment que les titres ne correspondent pas aux tableaux. Selon leurs explications, “La Place du Tertre sous la neige” est en réalité “les fortifications”. Les fortifications est “l’Eglise de Saint Bernard” et “l’église de Saint Bernard” est “Place Saint Pierre sous la neige “.

Pour l’anecdote en 1969, lors du festival panafricain d’Alger, le Musée des Beaux-Arts avait rouvert avec l’exposition des œuvres fraîchement récupérées de France après leurs transferts en 1962 à la suite du plasticage du Musée des Beaux-Arts par l’OAS.Pour la même occasion, le Musée a reçu en prêt (le temps du festival) des tableaux de Maurice Utrillo, propriété de la commune de Skikda.Dans un article publié à l’occasion, un journaliste du “Monde” , Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, estimait la valeur de l’un des tableaux de M. Utrillo à plus de 9.50 millions de francs Français de l’époque.

L’histoire de ces tableaux, c’est aussi l’histoire de grandes rencontres. Paul Cuttoli a conclu des acquisitions auprès des artistes eux-mêmes rencontrés à diverses occasions. Il rencontre Adam Styka le 20 septembre 1932 et lui achète le tableau Idylle Marocaine au prix de 6000 FF.Le même jour le sénateur conclu avec le peintre Maurice Lévis, l’achat de deux œuvres “Haute vallée de la Sarthe” et “Bord de la Mayenne”. Ils lui coûtèrent 8 500FF. Il acheta aussi à l’artiste Didier Pouget la toile “Le matin bruyère en fleur” au prix de 10 000 FF.

Il est à noter que cette prestigieuse collection, est aussi constituée d’un nombre de tableaux d’un natif de la ville de Philippeville, l’ancien nom de Skikda, Charles Feola né en 1917. Lors d’une exposition en 1955 la municipalité lui achète deux tableaux “l’hôtel de ville” et “Place du tertre”. Il est aussi l’oncle de l’artiste Roland Irolle natif de Philippeville.

La ville doit aussi une série de tableaux à certains artistes peintres amateurs qui ont occupé des postes administratifs dans l’hôtel de ville. La ville de Skikda se souviendra d’eux particulièrement car ils lui ont rendu hommage à travers des tableaux représentants ses paysages et l’architectures de ses bâtisses à cette époque. Pour n’en citer que quelques-uns : Jules Chabassiere qui fut conseiller municipal, la ville lui doit un tableau intitulé “Théâtre romain”. Paul Rossi auteur du tableau “Port de Stora” a également été conseiller municipal.

D’autre tableaux de ce fond artistique restent anonymes, le manque de moyens et de connaissances sur l’entretien de ces trésors ont souvent été à l’origine de la disparition de signature de certains tableaux.

Ce trésor de l’hôtel de ville de Skikda a excité “la curiosité” de personnes peu regardantes sur les questions du patrimoine.Des tentatives d’appropriation de certaines œuvre ont bien eu lieu, selon certains vieux Skikdis immédiatement après la fin de la guerre de libération nationale. En l’absence d’un inventaire exhaustif des œuvres, inexistant apparemment durant la période coloniale, et non valorisé après l’indépendance, qui peut donc savoir combien d’œuvres ont disparu?

En tout état de cause, un inventaire officiel doit impérativement être réalisé afin d’éviter toutes tentatives de détournement et mettre ce patrimoine culturel à l’abri de toute prédation.

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