Une année après le 12/12: Communication défaillante et hostilité à l’égard des médias indépendants (Partie III)

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Une année après le 12/12: Communication défaillante et hostilité à l’égard des médias indépendants (Partie III)
Une année après le 12/12: Communication défaillante et hostilité à l’égard des médias indépendants (Partie III)
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Journalistes emprisonnés, décret liberticide sur les médias électroniques, télévisions publiques et privées verrouillées véhiculant un discours à sens unique, manque de transparence sur l’état de santé du chef de l’Etat absent du pays depuis le 28 octobre : l’an I de Tebboune est loin d’avoir constitué une rupture avec l’ère Bouteflika.

Rompant avec l’attitude de l’ex-président déchu par le mouvement populaire, Abdelmadjid Tebboune a, certes, multiplié les entretiens à la presse nationale, tout au long de l’année 2020, ce qui laissait augurer d’un changement de cap. 

Quelques jours après son investiture, il a affiché une “volonté” de renforcer la liberté de la presse, exhortant  le gouvernement à mettre à la disposition du secteur de l’information “toutes les conditions à même de renforcer le professionnalisme de l’ensemble des médias et des journalistes, en leur donnant les moyens qui leur permettent d’exercer au mieux leur profession en toute responsabilité et en toute liberté. Une liberté qui s’exerce dans le cadre de la loi et de la déontologie». 

Il a également appelé son gouvernement à un “renforcement de la liberté d’expression, de la créativité et du rôle de la presse électronique”. Mais entre les intentions et les actes, il y a un bien un gap. La volonté de lutter contre les fake news, dont la propagation a été incriminée, est devenue aussi un argument pour limiter la liberté de la presse et d’opinion. Au demeurant, les médias  publics ont à plusieurs reprises été  pris en flagrant délit de  diffusion des fake-news. 

A l’image de l’agence de presse (APS), démentie par l’ONU à propos d’un rejet par ses services d’une plainte déposée par des militants ou encore le cafouillage autour du post de la Radio internationale sur une supposée déclaration d’un conseiller de la Présidence à la chaîne Russia Today à propos de l’état de santé de Tebboune.

Censure, un décret « autoritariste »

Cette première année a finalement été marquée par la mise sous contrôle judiciaire et l’emprisonnement de professionnels des médias, à l’image des trois journalistes du quotidien El Hayat, le journaliste Khaled Drareni ou encore la condamnation du journal électronique TSA Algérie pour avoir diffusé un décret ministériel en 2016.

 Le cas de Khaled Drareni, ainsi que l’a souligné à plusieurs reprises son comité de soutien, est emblématique d’une intrusion du chef de l’Etat dans le cours de la justice. Tebboune a en effet laissé entendre à la télévision, alors que l’instruction était en cours, que Khaled Drareni était un “khbarji” alors que rien dans le dossier n’évoque une telle charge. Une sortie qui avait suscité une réaction indignée du collectif des avocats du journaliste.

Récemment, plusieurs médias en ligne ont été censurés, devenant inaccessibles en Algérie sans VPN. La censure, levée sur quelques médias, est toujours appliquée à plusieurs autres médias dont celui de Casbah Tribune, dont Khaled Drareni était le directeur. 

L’année s’est achevée, sombrement disent les professionnels  avec la publication du décret exécutif fixant les modalités d’exercice de l’activité d’information en ligne a été publié au Journal officiel N° 70. Le texte énonce plusieurs conditions pour l’exercice de l’activité, désormais soumise à un « certificat » délivré par l’autorité chargée de la presse électronique. Sa promulgation a suscité une levée de boucliers de la part de plusieurs médias électroniques, considérant ce texte comme “autoritariste”, avec une “vision sécuritaire et répressive”.

Déclarations « populistes », les bourdes du staff

Le chef de l’État s’est aussi distingué par plusieurs déclarations jugées “populistes” qui ont suscité des commentaires acides sur les réseaux sociaux. Ainsi le chef de l’Etat a affirmé que “l’Algérie a le meilleur système de santé en Afrique”, il a également suggéré de “permettre, peut-être dans le cadre de conventions, à des jeunes algériens de se rendre dans des pays européens et constater par eux-mêmes la difficulté de la vie”;  ou encore lorsqu’il promet de “rapatrier les compétences algériennes à l’étranger” ainsi que l’argent volé.

Mais la première année de son mandat se termine sans sa présence dans le pays. Sa dernière apparition publique remonte au 15 octobre 2020, lorsqu’il a reçu le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Depuis, c’est le personnel de la Présidence qui “gère” l’information – ou plutôt son absence –  en multipliant les bourdes de communication, sur son état de santé notamment. 

Les Algériens sont ainsi sans nouvelles de leur président depuis le 30 novembre 2020, date à laquelle  un communiqué de la présidence indiquait qu’il allait revenir dans “quelques jours”.

Son séjour en Allemagne n’est pas sans conséquences avec une prolifération de fake news à propos de son état de santé qui accentuent le sentiment des Algériens d’avoir un Etat “à l’arrêt”, le flou de la communication sur l’état de santé de Abdelmadjid Tebboune rappelle aux Algériens les longues et pénibles années qui ont suivi l’AVC du président Bouteflika, le 27 avril 2013. 

L’absence d’un pilote au sein de l’Etat est devenue encore plus anxiogène avec les complications de la situation régionale, notamment la rupture du cessez-le-feu entre le Polisario et le Maroc. Une situation sur laquelle le président Donald Trump, soucieux de faire le maximum de cadeau à Israël, a jeté de l’huile en reconnaissant la « souveraineté marocaine » sur le Sahara en contrepartie de la normalisation de Rabat avec Tel-Aviv. 

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